La cotation reprendra mardi sur le Marché du porc breton (MPB) mais sans Cooperl et Bigard, les deux acheteurs à l'origine du bras de fer avec les éleveurs, ont indiqué lundi les acteurs de la filière à l'issue d'une réunion de crise au ministère de l'Agriculture.
Cette table ronde a rassemblé dans l'après-midi des représentants des éleveurs et du MPB - où s'établit le prix de référence national de la viande de porc - autour du ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll.
L'objectif était de permettre la reprise de la cotation, interrompue depuis lundi dernier, après la décision de Bigard et la coopérative Cooperl, deux des principaux acheteurs du MPB, de ne pas se présenter aux séances du marché à Plérin (Côtes-d'Armor).
Ces deux entreprises d'abattage et de transformation ont boudé les discussions au ministère, et ne participeront pas, a priori, à la relance de la cotation.
"J'avais mandat aujourd'hui (lundi) d'annoncer que le marché se tiendrait demain mardi, à l'heure normale, c'est-à-dire 11H00. Par contre, sans être satisfait, car à l'heure où l'on vous parle, Cooperl et Bigard ne reviennent pas", a indiqué le président du MPB Daniel Picart à l'issue de la réunion.
Et le responsable a admis qu'en l'absence de ces deux acheteurs majeurs, le prix du porc à Plérin pourrait retomber sous le prix cible de 1,40 euro le kilo.
En outre, des discussions auront lieu dès la semaine prochaine en vue de faire évoluer "le système de fixation du prix, notamment par l'adaptation partielle du fonctionnement du marché du porc breton", a indiqué Guillaume Roué de l'organisation interprofessionnelle Inaporc.
Le ministre Stéphane Le Foll a pour sa part assuré que cette réunion avait permis de conclure à la "nécessité d'avoir un marché du cadran", avec "en même temps la nécessité de voir comment faire évoluer cette cotation () pour tenir compte d'un certain nombre de pratiques".
Il a ajouté que le gouvernement soutiendrait la filière dans son travail de valorisation de l'origine de la viande porcine.
La crise des éleveurs a également été abordé lors d'une entrevue entre le président François Hollande et M. Le Foll à la mi-journée.
Le président de la FNSEA, Xavier Beulin, a quant à lui appelé lundi M. Le Foll à intervenir auprès de l'Union européenne car celle-ci "a des moyens () pour intervenir en cas de crise et la crise est profonde".
Après plusieurs actions coup de poing d'éleveurs, le gouvernement avait à la mi-juin préconisé un prix d'achat du porc de 1,40 euro/kg (la moyenne du coût de production), un prix finalement atteint le 23 juillet au MPB de Plérin (Côtes-d'Armor).
Mais ce niveau, "le plus élevé d'Europe", selon le syndicat des industriels de la viande (SNIV-SNCP), n'est pas du goût des entreprises de découpe et de transformation, confrontées à l'export à des distorsions de concurrence liées à des disparités dans les charges sociales et normes environnementales selon les pays.
- "Un prix de marché libre" -
Sur le marché européen, déstabilisé par l'embargo russe depuis plus d'un an, l'Allemagne propose ainsi du porc moins cher de 28 centimes au kilo par rapport au cours français, et les Pays-Bas 38 centimes moins cher, selon la Cooperl, leader en France sur le marché du porc et qui exporte 35% de sa production.
La coopérative, qui représente 19% des achats au MPB, refuse de financer "un cours +politique+ pour soutenir la production porcine française". Elle voudrait "un retour à un prix de marché libre" dicté par l'offre et la demande.
Bigard/Socopa, leader du marché de la viande en France, qui représente 7% des achats au MPB, est sur la même longueur d'onde.
Tous deux rencontreront le ministre de l'Agriculture, mardi et mercredi respectivement, "afin d'aborder des questions de court terme, dont celle de l'exportation, mais aussi les perspectives pour ces deux entreprises majeures dans le domaine du porc", selon le ministère.
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