Les acteurs de la filière porcine se retrouvent lundi au ministère de l'Agriculture afin de permettre une reprise de la cotation au Marché du porc breton (MPB), suspendue depuis une semaine, avant une série de rencontres consacrées aux difficultés structurelles du secteur.
Cette table-ronde doit réunir les responsables du MPB de Plérin (Côtes-d'Armor), où est établi le prix de référence national de la viande de porc, les représentants des éleveurs mais aussi des entreprises d'abattage et de transformation.
L'objectif est de permettre la reprise de la cotation, interrompue depuis lundi dernier après la décision de Bigard et la coopérative Cooperl, deux des principaux acheteurs du MPB, de ne pas se présenter aux séances la semaine dernière.
Organisée à la demande du président du MPB, cette réunion vise à contribuer, "à court terme, à ramener de la fluidité sur le marché", indique-t-on au ministère. "Il faut aujourd'hui sécuriser les producteurs qui fournissent le marché au cadran et éviter que des animaux ne restent sans acheteurs dans les exploitations."
Mais "pour importante qu'elle soit, (elle) ne conditionne pas l'avenir de la filière porcine française", ajoute-t-on. "Elle ne saurait être la seule réponse aux difficultés de la filière qui nécessite des réformes structurelles profondes".
Vendredi, le président du MPB, Daniel Picart, avait estimé que "cette table ronde (allait) décider de la vie ou de la survie du Marché du porc breton, et évidemment, après ça, de la vie et de la survie de la filière porcine".
Pour tenter de mettre fin à la crise de l'élevage porcin et après plusieurs actions coup de poing d'éleveurs au printemps, le gouvernement avait à la mi-juin préconisé un prix d'achat du porc à 1,40 euro/kg (la moyenne du coût de production), un prix finalement atteint le 23 juillet au MPB de Plérin (Côtes-d'Armor).
Mais ce niveau, "le plus élevé d'Europe", selon le syndicat des industriels de la viande (SNIV-SNCP), n'est pas du goût des entreprises de découpe et de transformation, qui doivent faire face, à l'export, aux distorsions de concurrence générées par les différences de charges sociales et de normes environnementales entre pays de l'UE.
- 'un prix de marché libre' -
Sur le marché européen, déstabilisé par l'embargo russe, l'Allemagne propose du porc moins cher de 28 centimes au kilo par rapport au cours français, et les Pays-Bas 38 centimes moins cher, selon la Cooperl, leader en France sur le marché du porc et qui exporte 35% de sa production.
La coopérative, qui représente 19% des achats au MPB, refuse de financer "un cours +politique+ pour soutenir la production porcine française". Lors de la table ronde, à laquelle elle sera représentée, elle voudrait que soit décidé "un retour à un prix de marché libre" en fonction de l'offre et de la demande.
Bigard/Socopa, leader du marché de la viande en France, qui représente 7% des achats au MPB, est sur la même longueur d'onde, mais n'a pas donné d'élément sur sa présence lundi.
Tous deux rencontreront le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll mardi et mercredi "afin d'aborder à la fois des questions de court terme, dont celle de l'exportation, mais aussi les perspectives pour ces deux entreprises majeures dans le domaine du porc", selon le ministère.
Ce dernier, qui doit être reçu lundi matin par le chef de l'Etat François Hollande, a également prévu deux autres réunions: l'une avant début septembre avec les professionnels et la distribution "afin de travailler sur les modalités pratiques de mise en ?uvre des promotions de septembre".
L'autre fin août "sur la rénovation des relations commerciales dans la filière porcine" avec l'ensemble des acteurs, afin de "repenser profondément le système actuel et envisager des pistes de commercialisation plus sécurisantes pour les acteurs".
Pour maintenir la pression, les éleveurs organisent une conférence de presse avec des représentants des syndicats agricoles FRSEA et JA de Bretagne, Pays de la Loire et Normandie, les principaux bassins de production des porcs, lundi en fin de matinée, à Rennes.
Et si les responsables syndicaux ont appelé au calme jusqu'à l'issue de la réunion parisienne, Didier Lucas, président de la FDSEA des Côtes-d'Armor, a prévenu: "après la table ronde, on ne pourra pas continuer à rester comme ça".
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