Le XV de France s'est poussivement engagé sur le chemin de la Coupe du monde avec une défaite frustrante (19-14) contre l'Angleterre à Twickenham, samedi pour son premier galop d'essai à un mois de la compétition.
Il y a donc des maux qui peinent à guérir. A 34 jours de son entrée dans la Coupe du monde, le 19 septembre face à l'Italie dans ce même stade de Twickenham, le XV de France est toujours confronté à une pile de doutes et de lacunes qui semblent rédhibitoires pour prétendre au titre.
Certes, il était acquis que cette rencontre amicale dans l'antre du rugby anglais, où les Bleus n'ont plus gagné depuis 2007, ne serait qu'un brouillon, une esquisse à même de valider six semaines de préparation d'abord axée sur le physique, plus que sur le ballon.
On était donc prévenu qu'il y aurait des approximations, des tâtonnements, quelques mésententes des deux côtés et que les enseignements resteraient limités.
Mais il n'empêche que la jeune et talentueuse équipe anglaise a montré une mécanique plus huilée et surtout une toute autre maturité dans sa gestion d'un match qui aurait tout aussi bien basculer côté français, avec un peu plus de patience, de maturité, de confiance et de réussite en fin de partie.
- La dynamite Watson -
"Clinical and ruthless" (clinique et sans pitié), le XV de la Rose a effectivement piqué trois fois par ses virevoltants ailiers Anthony Watson et Jonny May qui ont donné une petite leçon à leurs vis-à-vis, Sofiane Guitoune et Brice Dulin.
Tout ne fut pas parfait non plus côté anglais, notamment en conquête, et le sélectionneur Stuart Lancaster aura du grain à moudre dans les semaines à venir et dès samedi prochain en particulier, pour le deuxième acte face à la France au Stade de France. Mais au moins ce succès engage-t-il pour le XV de la Rose une dynamique positive, alors que la pression de l'événement organisé à domicile sera immense et que l'opposition s'annonce rude dans son groupe, aux côtés du pays de Galles et de l'Australie.
Le XV de France pourra en tout cas regretter de ne pas avoir su capitaliser sur sa domination territoriale, ses périodes de supériorité numérique, sa plus grande possession de balle et sa mainmise en mêlée, dans le sillage d'un cinq de devant qui aura été la bouée de sauvetage des Bleus.
Par exemple, comment expliquer que le XV de France qui en première période aura obligé son adversaire à plaquer deux fois plus que lui, à concéder six pénalités et à reculer en mêlée fermée, soit mené 12 à 9, après avoir encaissé deux essais de Watson.
- Parra - Trinh-Duc, impact limité -
Ce dernier a il est vrai crevé l'écran, déposant d'un magnifique cadrage débordement Dulin (11e) puis concluant un superbe mouvement collectif en première main (18e).
Ces trous d'air défensifs, associés à une attaque stéréotypée, ont un temps fait craindre le pire à un XV de France qui a pourtant très bien tenu la route physiquement.
Mais l'Angleterre a aussi été entravée par son indiscipline (10 pénalités au total), incarnées par les cartons jaunes au centre Sam Burgess et au troisième ligne Calum Clark. Avec Owen Farrell à la baguette, le XV de la Rose a peiné à entretenir la flamme, passant le plus clair des 20 dernières minutes à s'escrimer à défendre son avantage, avec courage et une certaine maîtrise.
Difficile de savoir en définitive qui parmi les Bleus aura marqué des points dans cette répétition hoquetante, alors que le manager Philippe Saint-André doit réduire dimanche 23 août son groupe de 36 à 31 éléments.
La charnière Morgan Parra - François Trinh-Duc, réunie pour la première fois depuis deux ans et demi, n'a pas réussi à sublimer un jeu français sans grande saveur, même si le demi de mêlée s'est montré très combattif.
Les centres Rémi Lamerat et Alexandre Dumoulin n'ont également guère réussi à s'illustrer alors que la concurrence est rude à leur poste.
A l'inverse, la troisième ligne Nyanga-Picamoles-Ouedraogo (ce dernier a inscrit un essai à la 61e minute) a montré quelques promesses, en tentant d'insuffler du volume de jeu. Mais le score final reste impitoyable pour les acteurs d'une rencontre encore décevante.
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