Le Japon a commémoré samedi sa capitulation en 1945 sous les critiques de Pékin et Séoul qui attendaient des excuses pour ses actes passés et ont vu une nouvelle fois des ministres visiter un sanctuaire qui honore des criminels de guerre.
Dans un geste qui suscite régulièrement l'ire de leurs voisins asiatiques, une soixantaine de responsables politiques japonais dont trois femmes ministres se sont rendus samedi dans le sanctuaire de Yasukuni à Tokyo.
Ce lieu est perçu par la Chine et la Corée du Sud comme le symbole du passé colonialiste de l'archipel.
La réaction de la Chine ne s'est pas fait attendre longtemps et son ministère des Affaires étrangères a exprimé dès samedi le "vif mécontentement" de Pékin après la visite remarquée dans ce lieu de culte shintoïste qui honore 2,5 millions de morts mais aussi plus d'une dizaine de criminels de guerre condamnés par les Alliés.
"Cela démontre une fois de plus la position erronée du Japon sur les questions historiques", a déclaré Pékin.
Ces commémorations se déroulaient au lendemain d'une allocution officielle du Premier ministre japonais Shinzo Abe par laquelle il a exprimé ses "condoléances éternelles" pour les victimes de la guerre. M. Abe avait qualifié vendredi soir d'"inébranlables" les excuses passées du Japon pour ses actes, en particulier sur le continent asiatique, mais sans prononcer par lui-même de nouvelles excuses directes.
La présidente sud-coréenne Park Geun-Hye a réagi samedi, au lendemain de cette déclaration, estimant qu'elle "laissait beaucoup à désirer" et a conseillé à Tokyo de mener des "actions sincères" pour gagner la confiance des pays voisins.
Pékin avait réagi dès vendredi en demandant des "excuses sincères". "Le Japon doit dénoncer explicitement la nature de cette guerre, faite d'agression et de militarisme, et assumer sa responsabilité dans ces guerres", avait commenté une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.
- Faits et gestes surveillés de près en Asie-
"Ce discours ne va pas entraîner de détérioration des relations sino-japonaises mais ne va pas non plus contribuer à les améliorer de manière significative", a écrit samedi le Global Times, très proche du parti communiste chinois.
La Corée du Nord avait pour sa part vu dans la déclaration une "raillerie impardonnable du peuple coréen".
Le Premier ministre japonais de droite, dont les paroles étaient très attendues en Chine et dans les deux Corées, avait aussi appelé vendredi à exempter dorénavant d'excuses les générations d'après-guerre.
"Nous ne devons pas laisser nos enfants, petits-enfants et les générations suivantes, qui n'ont rien à voir avec la guerre, être prédestinés à s'excuser", avait déclaré M. Abe, âgé de 60 ans.
Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont salué la déclaration de M. Abe et les Philippines ont dit avoir construit avec l'ennemi d'antan "une solide amitié". Depuis la guerre le Japon "a agi avec compassion", a déclaré le ministre philippin des Affaires étrangères, Albert del Rosario.
Shinzo Abe lui-même ne s'est pas rendu samedi à Yasukuni mais y a fait parvenir une offrande rituelle. Sa visite fin 2013 avait déclenché la colère de Pékin et Séoul et lui avait valu des remontrances de Washington.
L'empereur Akihito, âgé de 81 ans, fils de Hirohito qui régna pendant la guerre, a lui prononcé un discours en présence de M. Abe et de 7.000 personnes dans un autre lieu appelé Budokan. L'empereur, qui ne s'est jamais rendu à Yasukuni, a exprimé de "profonds remords" pour la Seconde guerre mondiale. Il prononçait ces paroles pour la première un jour anniversaire de la capitulation, selon des médias japonais.
Pour sa part le Premier ministre n'a à cette occasion, contrairement à vendredi, pas eu un mot de contrition.
L'expansion militaire du Japon et les exactions de son armée entre 1910 et 1945 continuent à empoisonner ses relations avec ses voisins asiatiques, qui décortiquent à chaque anniversaire les propos et gestes des politiques japonais.
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