Le drapeau américain a refait son apparition vendredi devant l'ambassade des Etats-Unis à Cuba, 54 ans après son retrait, en présence du secrétaire d'Etat John Kerry qui a salué une étape "historique" mais plaidé pour une "véritable démocratie" dans l'île communiste.
Premier chef de la diplomatie américaine à fouler le sol cubain depuis 1945, M. Kerry, qui a passé une dizaine d'heures sur l'île avant de repartir en début de soirée, a assuré que la normalisation des relations entre les deux ex-ennemis de la Guerre froide avait un caractère irréversible. Il a toutefois placé les droits de l'homme comme une condition essentielle à la levée de l?embargo.
"Aujourd'hui, nous faisons un pas historique - et j'ajouterai qu'il aurait dû survenir bien plus tôt - dans la bonne direction et nous sommes déterminés à aller de l'avant", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse avec son homologue cubain Bruno Rodriguez.
"Je ne peux pas imaginer un président, qu'il soit républicain ou démocrate, jeter tout ça par la fenêtre", a-t-il lancé, alors que sa visite a suscité les critiques du gouverneur Jeb Bush et du sénateur Marco Rubio, candidats républicains à la Maison Blanche.
Faisant montre de bonne volonté, M. Rodriguez a affirmé que Cuba était disposé à "discuter de tous les sujets, même si nous ne sommes pas toujours d'accord", avec les Etats-Unis, y compris des droits de l'homme.
Une réponse à la requête formulée par M. Kerry, qui avait estimé dans la matinée que "le peuple de Cuba serait mieux servi par une véritable démocratie dans laquelle les gens sont libres de choisir leurs dirigeants".
- Exigences de La Havane -
Auprès des journalistes qui l'accompagnent, le secrétaire d'Etat, qui a rencontré en privé, dans l'après-midi, des dissidents, a conditionné la levée de l'embargo économique, imposé à l'île depuis 1962, à une amélioration sur le front des droits de l'homme.
"En aucune manière le Congrès ne va voter pour lever l'embargo s'ils (les Cubains) n'avancent pas sur ces questions", a-t-il martelé, indiquant qu'une commission bilatérale pour poursuivre le rapprochement, notamment sur le thème des droits de l'homme, se réunirait en septembre.
Mais le ministre cubain des Affaires étrangères a aussi critiqué Washington sur cette question cruciale : "Nous aussi nous avons des inquiétudes en matière de droits de l'homme aux Etats-Unis".
"Ce n'est pas à Cuba qu'il y a des faits de violence raciale ou de brutalité policière", a-t-il observé, dénonçant aussi la "torture" pratiquée à la base américaine de Guantanamo.
Le ministre a surtout répété les exigences de La Havane avant de sceller complètement la bonne entente entre ces deux pays, brouillés pendant plus d'un demi-siècle.
"J'ai rappelé au secrétaire d'Etat que la levée totale du blocus est essentielle pour pouvoir avoir des relations normales avec les Etats-Unis, de même que la restitution de la base navale de Guantanamo", située à Cuba, a-t-il affirmé.
Mais si M. Kerry a assuré que le gouvernement du président Barack Obama était "fortement en faveur" de la levée de l'embargo, il a expliqué qu'il n'y avait "pas de changement prévu dans l'arrangement concernant Guantanamo".
- Visite dans une boutique de cigares -
Point d'orgue de cette journée : la réouverture officielle de l'ambassade, huit mois après l'annonce solennelle et simultanée, le 17 décembre, par Barack Obama et Raul Castro, d'un rapprochement historique.
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