Les ministres des Finances de la zone euro s'apprêtaient à donner vendredi leur feu vert au troisième plan d'aide à la Grèce d'un montant de 85 milliards d'euros, après le vote du Parlement grec, mais des questions restent en suspens.
Même le puissant ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, traditionnel partisan d'une ligne dure vis-à-vis d'Athènes, s'est dit "confiant" dans le fait qu'un accord serait trouvé vendredi, à son arrivée à Bruxelles pour une réunion exceptionnelle de l'Eurogroupe.
Même son de cloche du côté de son homologue français Michel Sapin. Le gouvernement grec "a pris ses responsabilités" en faisant voter le plan d'aide vendredi matin par son Parlement, "donc il nous appartient, en tant que ministres des Finances, de décider aujourd'hui de la mise en oeuvre d'un troisième programme", a-t-il dit.
Les traditionnels faucons de la zone euro, comme le Finlandais Alexander Stubb ou le Slovaque Peter Kazimir, se sont montrés "optimistes", et l'Espagnol Luis De Guindos a quasiment vendu la mèche en notant que la réunion aurait pu se faire par téléphone, mais qu'il était "important" d'être là car "c'est le lancement du troisième programme".
Restent un certain nombre de points à discuter, a cependant averti le patron de l'Eurogroupe, le Néerlandais Jeroen Dijsselbloem, énumérant "des questions sur la recapitalisation des banques, qui pourrait coûter très cher, sur ce qu'il y aura dans le fonds de privatisation et sur la participation du Fonds monétaire international" au plan d'aide, aux côtés des autres créanciers d'Athènes: Union européenne, Banque centrale européenne et Mécanisme européen de stabilité (MES).
Les discussions devraient en tout cas se prolonger et la réunion, qui a débuté vers 13H00 GMT, "ne sera pas courte", a-t-il averti. Les ministres "examinent en détails" le mémorandum d'accord, a indiqué à l'AFP une source proche des négociations, mais "les choses se passent bien".
Les discussions portaient en début de soirée sur l'excédent budgétaire primaire (hors service de la dette), que certains ministres "jugent trop bas". Le mémorandum signé par Athènes avec ses créanciers prévoit un excédent primaire de 0,25% du PIB cette année, de 0,5% du PIB en 2016, 1,75% en 2017 et 3,5% en 2018.
Par ailleurs, la dette "reste un point de préoccupation majeur, en particulier pour le FMI", a souligné M. Dijsselbloem. Le nouveau plan d'aide, après deux précédents programmes d'un montant total de 240 milliards d'euros, fera grimper la dette à 200% du PIB.
- 'Reprofilage' de la dette -
Le FMI, qui juge ce niveau insoutenable, a indiqué jeudi qu'il attendait que les Européens prennent des décisions sur l'allègement de cette dette avant de dire, en octobre, s'il participerait au nouveau renflouement.
M. Schäuble a redit vouloir s'assurer "qu'il y ait une participation du FMI", bien que le gouvernement allemand s'oppose à toute réduction de la dette grecque.
"Naturellement, le FMI a ses propres règles, mais nous allons devoir trouver une voie", a-t-il ajouté.
Côté français, on plaide pour "un reprofilage" de la dette grecque, comme l'a rappelé Michel Sapin, ce qui n'implique pas obligatoirement une réduction pure et simple, mais pourrait se traduire par un nouvel allongement des maturités par exemple.
Les partenaires d'Athènes sont également préoccupés par ce qui risque de se passer dans les prochains mois en Grèce. Le troisième programme "est une bonne base pour une reprise économique en Grèce s'il est entièrement mis en oeuvre", a averti le vice-président de la Commission européenne chargé de l'Euro, Valdis Dombrovskis. Mais il y a un "risque d'instabilité politique", s'est inquiété M. De Guindos.
Car l'adoption vendredi par le Parlement grec du plan d'aide et des 400 pages de mesures budgétaires et structurelles qui l'accompagnent a révélé les fractures au sein du Syriza, le parti du Premier ministre Alexis Tsipras.
Le projet de loi a recueilli l'approbation de 222 députés sur 300, 64 votant contre, 11 s'abstenant. Mais cette adoption n'a été possible que grâce à quelque 120 voix apportées par l'opposition et par le parti de droite souverainiste ANEL, allié de la coalition au pouvoir.
- première tranche d'aide à décider -
Près d'un tiers des 149 députés Syriza n'a pas suivi M. Tsipras, un revers interne pour le Premier ministre qui pourrait être obligé de solliciter prochainement un vote de confiance.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousA lire aussi
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.