La croissance a légèrement ralenti au deuxième trimestre dans la zone euro, en bonne partie à cause de la contre-performance de la France, restée à l'arrêt, tandis que l'Allemagne a fait mieux qu'au premier trimestre mais moins bien qu'attendu.
La croissance du PIB de l'ensemble de la zone euro a progressé de 0,3% d'avril à juin contre 0,4% au premier trimestre, a indiqué vendredi l'office européen de statistiques Eurostat dans une première estimation. Ce chiffre est un peu inférieur aux attentes des analystes interrogés par Bloomberg, qui prévoyaient 0,4%.
Sur un an, le PIB corrigé des variations saisonnières a progressé de 1,2% dans la zone euro.
Les chiffres du deuxième trimestre montrent "à nouveau une divergence entre une croissance solide en Allemagne et une stagnation en France", souligne Jennifer McKeown de Capital Economics. Les données "confirment que le fait que la France ait dépassé l'Allemagne au premier trimestre était une exception".
L'Allemagne, traditionnel moteur de la croissance européenne, enregistre une hausse du PIB de 0,4%, soit une légère accélération par rapport au premier trimestre (0,3%), même si les analystes tablaient sur 0,5%. La France, avec une croissance nulle (0,0%), fait moins bien que prévu et voit retomber l'euphorie après une hausse vigoureuse de 0,7% au premier trimestre.
"Même si aucun détail n'a été fourni" par Eurostat, "l'office allemand de statistiques explique que la faiblesse de l'euro a eu un impact positif sur les exportations" du pays, "ce qui est sans doute vrai aussi pour l'ensemble de la zone euro", souligne Peter Vanden Houte, d'ING.
En-dehors des deux premières économies de l'union monétaire, la situation est contrastée entre l'Espagne, qui enregistre une solide croissance de 1,0%, et d'autres économies comme la Finlande. Dans ce pays, la récession se poursuit avec une baisse du PIB de 0,4%, laissant peu d'espoir d'un retour à la croissance en 2015 après deux années de recul du PIB en 2012 et 2013, et une stagnation en 2014.
Les Pays-Bas (+0,1%) et l'Italie (+0,2%) réalisent des performances modestes, même si dans le cas italien, "c'est la première fois que l'économie croît pendant deux trimestres consécutifs depuis la mi-2011", relève Jennifer McKeown.
Quant à la Grèce, son étonnante performance trimestrielle, avec 0,8% de croissance, constitue une anomalie car le chiffre est "biaisé du fait que les consommateurs grecs ont vidé leurs comptes en banque et dépensé leur argent en biens durables par peur d'un possible 'Grexit'", une sortie de la Grèce de la zone euro, explique Peter Vanden Houte.
- "immunité" face à la crise grecque -
Au niveau de l'ensemble des 19, les investissements des entreprises ont sans doute aussi contribué positivement à la croissance du deuxième trimestre, tandis que la consommation, soutenue au premier trimestre par la forte baisse des prix de l'énergie, a sans doute vu sa croissance ralentir au printemps, sur fond de hausse des prix pétroliers, selon cet analyste.
De manière générale, "même si le rythme de croissance a été légèrement inférieur à celui du premier trimestre, la relative immunité de l'économie de la zone euro face à la crise grecque et au ralentissement de l'économie chinoise reste encourageante", juge-t-il
Mais la croissance de la région reste très inférieure à ses niveaux d'avant la crise. C'est pourquoi, selon lui, "le programme de rachat d'actifs de la BCE sera sans doute poursuivi jusqu'à son terme, et d'autres mesures seront peut-être être prises si nécessaires".
Jennifer McKeown, sur la même ligne, s'attend à ce que "l'économie de la zone euro poursuive son expansion, emmenée par la forte croissance de l'Espagne et la solididté de l'économie allemande". Mais les prévisions "laissent peu d'espoir d'une accélération de la reprise" et la croissance pourrait s'essouffler au deuxième semestre, anticipe-t-elle.
"Certes, le risque que la crise grecque fasse dérailler la reprise générale a diminué", mais "avec une économie trop faible pour créer de l'inflation, la BCE devrait maintenir et peut-être compléter sa politique de soutien" à l'économie selon elle.
L'office européen de statistiques Eurostat a publié vendredi une deuxième estimation pour l'inflation dans la zone euro en jullet, restée très basse à 0,2%, soit bien en-dessous des objectifs de la BCE, qui vise une inflation de moyen terme un peu inférieure à 2%.
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