Des agriculteurs des principaux départements d'élevage du Grand ouest convergeaient vendredi matin vers le Marché du porc breton (MPB) à Plérin, dans l'attente d'une hypothétique reprise de la cotation, suspendue depuis lundi, alors que les éleveurs attendent toujours un signe de l'intervention de Matignon, qu'ils ont réclamée jeudi.
En fin de matinée vendredi quelque 150 personnes, certains venus en famille, patientaient devant le MPB tandis que des représentants d'acheteurs attendaient depuis 10H00 une éventuelle reprise de la cotation.
Aucune cotation n'a eu lieu lundi et jeudi au MPB à la suite du refus de deux des principaux acheteurs, Cooperl et Bigard/Socopa, de payer le prix préconisé par le gouvernement pour les éleveurs.
Sans intervention rapide de Manuel Valls ou de Matignon, plusieurs représentants des éleveurs ont clairement indiqué jeudi, puis vendredi matin qu'ils n'écartaient pas un retour aux actions musclées qui se sont succédé depuis deux mois.
Après Plérin (Côtes-d'Armor), si aucune séance de cotation n'a lieu vendredi, certains envisageaient de se rendre à Rennes, où se trouve la préfecture de la région Bretagne.
Vendredi matin, des éleveurs mayennais de la FDSEA contactés par l'AFP roulaient vers Plérin tandis que ceux du Finistère et des Côtes-d'Armor avaient donné rendez-vous à leurs troupes au MPB vendredi matin lors d'actions symboliques dans le courant de la nuit.
En Normandie, à Caen, 50 tracteurs et une quarantaine de bennes pleines de déchets bloquaient toujours vendredi matin une place située devant la préfecture. Trente à 40 agriculteurs, essentiellement de producteurs de viande bovine et de lait, avaient passé la nuit sur place. Arrivés jeudi matin devant la préfecture, ils attendent toujours de l?État qu'il organise une réunion avec les respnsables d'abattoirs et laiteries du département.
Le président de l'Union des groupements de producteurs de viande en Bretagne, Michel Bloc'h, qui avait enjoint jeudi Manuel Valls d'intervenir dans le débat, a appelé vendredi sur RTL le gouvernement à diminuer les charges sociales pour les entreprises de la filière porcine afin de les rendre plus compétitives face à l'Allemagne et l'Espagne.
- 'guerre des nerfs' -
"C'est un peu une guerre des nerfs qui se joue, mais pas avec des entreprises d'abattage qui ont quitté le marché, mais avec l?État qui refuse d'entrer dans le discours de la compétitivité", a déclaré M. Bloc'h sur RTL, ajoutant que les éleveurs n'avaient pas reçu de réponse à leur demande de rencontre avec le Premier ministre Manuel Valls.
La Cooperl et Bigard/Socopa jugent le prix de 1,40 euro/kilo trop élevé, notamment par rapport à la concurrence européenne.
Aucune cotation n'a eu lieu lundi, puis jeudi au MPB, qui ne représente 15% des ventes de porcs hebdomadaires mais qui fixe le prix de référence au niveau national. "C'est l'outil de cotation pour l'ensemble des porcs français, il faut que cet outil-là redémarre le plus rapidement possible", a souligné M. Bloc'h.
Jeudi soir, environ 150 éleveurs ont lâché symboliquement une truie devant la sous-préfecture de Morlaix (Finistère) puis bloqué la RN12 reliant Brest à Rennes. Un autre groupe, d'une centaine d'agriculteurs, a procédé à un barrage filtrant à Plounévez-Moëdec (Côtes-d'Armor), à une vingtaine de kilomètres de Guingamp.
Le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, seul à intervenir au nom du gouvernement jeudi, a expliqué qu'il ne disposait d'aucun levier juridique pour forcer la cotation à reprendre sur le marché de Plérin, car il s'agit d'une association type loi 1901 dont seuls les adhérents peuvent prendre les décisions.
Il a toutefois affirmé que le patron de Bigard lui avait promis d'acheter cette semaine 90.000 porcs au niveau national, comme il le fait d'habitude, au prix revalorisé de 1,40 euro/kilo demandé par les éleveurs, mais sans passer par le marché de Plérin.
Un coup de force symbolique dénoncé par la Confédération paysanne. Le 3e syndicat agricole y voit une "entente entre deux opérateurs" avec pour seul objectif d'obtenir une baisse de prix.
Les éleveurs soulignent l'urgence de la situation, sachant qu'"un cochon prend un kilo par jour" et que son alimentation non prévue constitue un coût supplémentaire pour le producteur.
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