Le nouveau plan d'aide international à la Grèce, le troisième depuis 2010, a été adopté vendredi à l'issue d'un débat-marathon au parlement marqué par la défection de très nombreux députés de la majorité Syriza (gauche radicale), avant un examen pointu par l'Eurogroupe, l'Allemagne en particulier.
Le projet de loi, 400 pages mêlant mesures budgétaires et réformes structurelles, en échange de 85 milliards d'euros de prêts à verser sur trois ans, a recueilli l'approbation de 222 députés sur 300, 64 votant contre, 11 s'abstenant.
Un score obtenu grâce à quelque 120 voix apportées par l'opposition, et par l'allié de Syriza au sein de la coalition au pouvoir, le parti de droite souverainiste ANEL.
Mais jusqu'à 47 députés Syriza sur 149, selon un décompte encore officieux, n'ont pas suivi M. Tsipras : 32 ont voté contre, 11 se sont abstenus, trois ont voté oui sur le texte général et non sur des mesures particulières, et un était absent.
Un revers interne pour M. Tsipras, qui a affirmé n'avoir pas eu "d'alternative" à la signature de ce plan, et déclaré que celui-ci assurerait à la fois "la survie du pays et la poursuite du combat".
Le texte a été adopté à 10h00 (07h00 GMT) à l'issue de presque 24 heures de discussions ininterrompues au Parlement, entre débats en commissions jeudi, réunions de procédure au tournant de la nuit, et séance plénière proprement dite commençant à 03h00 du matin.
Derrière ce marathon, la pointilleuse présidente du Parlement Zoé Konstantopoulou, députée Syriza fermement opposée à l'accord. Elle a mené une véritable guérilla de procédure, Constitution grecque et règlement du Parlement en main, au risque de faire manquer à Athènes le coche de l'Eurogroupe qui se réunit à Bruxelles à 13h00 GMT.
Plusieurs députés, tirés de leurs vacances par le calendrier économique agité du pays, n'ont pas caché leur agacement et leur fatigue. Même le ministre des Finances Euclide Tsakalotos n'a pu réprimer de voyants bâillements.
Le vote du Parlement permet en tout cas à Athènes de se présenter en bonne posture à Bruxelles après un mois de collaboration impeccable dans l'élaboration du plan avec ses créanciers (UE, FMI, BCE et Mécanisme européen de stabilité) -- bien mieux qu'au temps où Yanis Varoufakis, qui a voté non, était ministre des Finances.
Les ministres des Finances de la zone euro (Eurogroupe) doivent maintenant donner leur accord politique au projet.
- Crise sans fin -
La Grèce espère désormais un premier versement d'une vingtaine de milliards d'euros dans les prochains jours. Cela lui permettrait notamment d'honorer à temps un remboursement essentiel de 3,2 milliards d'euros (plus 200 millions d'euros d'intérêts) à la BCE, le 20, et de rembourser les fournisseurs de l'Etat qui n'ont pas été payés depuis des mois.
Le très écouté ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble, a cependant annoncé avoir "des questions" à poser, et serait favorable au versement à Athènes d'un simple "prêt-relais" pour payer la BCE, afin de prendre encore du temps pour étudier l'accord, et, surtout, essayer d'imposer des conditions complémentaires.
M. Tsipras a souligné ce danger dans son discours, assurant qu'un prêt-relais "que certains cherchent systématiquement", serait "le retour à une crise sans fin".
Pour compliquer encore la situation, le FMI a clairement indiqué jeudi qu'il ne participerait au financement du plan que si les Européens prennent prochainement "des décisions" sur un allègement de la dette grecque qu'ils détiennent en grande partie, et que le FMI juge insoutenable à son niveau actuel de 170% du PIB.
De quoi embarrasser les Européens, Allemagne surtout, qui tout à la fois exigent la participation du FMI au plan d'aide, mais ne veulent pas perdre d'argent en allégeant la dette grecque.
M. Tsipras va devoir par ailleurs donner une réponse à la rupture consommée avec l'aile gauche de son parti.
Mme Konstantopoulou a annoncé qu'elle "ne soutiendrait plus" un premier ministre "qui a rejoint la cohorte de ses prédécesseurs ayant accepté les memorandums, en jetant ses camarades aux chiens". "Ca me fait mal", a-t-elle dit.
Ses intentions pour la suite ne sont pas claires, contrairement à celles de l'ancien ministre de l'Energie Panagiotis Lafazanis, leader de la Plateforme de gauche de Syriza, et partisan du retour à la drachme, qui va créer un mouvement contre l'accord, probable amorce d'un nouveau parti. Le gouvernement a pris acte de cette "séparation des chemins".
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