Les éleveurs porcins bretons en ont appelé vivement à Manuel Valls jeudi pour qu'il intervienne directement dans la nouvelle crise qu'ils traversent après l'annonce d'une deuxième suspension de la cotation jeudi au Marché du porc breton (MPB) à Plérin (Côtes-d'Armor) qui les place dans une situation "inextricable".
Constatant l'absence, comme lors de la cotation de lundi, de deux des principaux acheteurs, Cooperl et Bigard/Socopa, le président du MPB Daniel Picart a annoncé la suspension de la cotation prévue jeudi matin mais n'a pas écarté qu'une séance exceptionnelle puisse être organisée vendredi.
"L'heure est extrêmement grave", a déclaré le président de l'Union des groupements de producteurs de viande en Bretagne, Michel Bloc'h, "il faut que le Premier ministre nous entende physiquement dès demain j'espère ou dès cet après-midi".
- "Si Valls ne répond pas" -
"Si Valls ne répond pas de la journée, surveillez vos portables car vous recevrez sans doute un SMS pour une mobilisation. On ne peut pas laisser les choses comme ça", a lancé Didier Lucas, président de la FDSEA 22 devant des dizaines d'éleveurs.
Sans exclure des actions locales, le président de la FNSEA, Xavier Beulin, s'est néanmoins refusé à lancer un appel national à la mobilisation.
"Les producteurs sont essoufflés, plus qu'essoufflés d'un point de vue trésorerie", a ajouté M. Bloc'h, qui est aussi vice-président du comité régional porcin.
Le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, a expliqué qu'il ne disposait d'aucun levier juridique pour forcer la cotation à reprendre sur le marché de Plérin, car il s'agit d'une association type loi 1901 dont seuls les adhérents peuvent prendre les décisions.
Il a toutefois affirmé que le patron de Bigard lui avait promis d'acheter cette semaine 90.000 porcs au niveau national, comme il le fait d'habitude, au prix revalorisé de 1,40 euro/kilo demandé par les éleveurs. Les porcs habituellement achetés par l'entreprise à Plérin seront achetés dans d'autres endroits.
En boycottant le marché au cadran tout en maintenant ses achats par ailleurs, "M. Bigard veut signifier que ce niveau de prix n'est pas tenable pour lui et pour son entreprise", a expliqué le ministre.
Un coup de force symbolique dénoncé par la Confédération paysanne. Le 3e syndicat agricole y voit une "entente entre deux opérateurs" avec pour seul objectif d'obtenir une baisse de prix.
Ce nouveau rebondissement de la crise agricole menace de s'étendre de nouveau à tous les secteurs de l'élevage.
Depuis jeudi matin une centaine d'agriculteurs, toutes productions confondues, sont rassemblés devant la préfecture du Calvados à Caen avec des remorques de déchets qu'ils menacent de déverser.
Dans le Finistère, une autre centaine de producteurs de porcs ont mené mercredi soir une action symbolique devant la permanence d'un député, à Plabennec.
La Cooperl et Bigard/Socopa jugent le prix de 1,40 euro/kilo trop élevé, notamment par rapport à la concurrence européenne.
- Embargo russe -
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