La Fédération (FFF) et la Ligue (LFP) de football se sont renvoyé l'accusation de "volte-face", jeudi, devant le Conseil d'Etat, dans leur querelle autour du système de descentes/montées entre L1 et L2, qui doit être tranchée provisoirement vendredi.
La Ligue, organe du foot professionnel, associée à 18 clubs de L1 (tous sauf Rennes et Guingamp), avait assigné en référé la Fédération, qui chapeaute l'ensemble du foot français, pour contester sa décision de retoquer la réforme passant de trois à deux relégations et promotions entre les deux premières divisions.
L'autre requête, portée par 14 clubs de Ligue 2 et un de National et attaquant la décision de la LFP de passer au "2/2" dès la saison 2015-16, n'a pas été discutée, puisqu'elle était étroitement liée à la première.
Pour suspendre la décision de la FFF prise le 23 juillet, il faut que le juge unique Fabien Raynaud constate que deux conditions sont remplies: l'urgence à statuer, et un "doute sérieux" sur la légalité de la décision en question.
Sa décision, qu'il a annoncée pour vendredi, ne sera qu'une première étape dans ce combat judiciaire. Si aucune partie ne se désiste, un jugement au fond devra intervenir dans trois à cinq mois, soit entre novembre et janvier 2016, après instruction par un rapporteur public.
- 'Excès de pouvoir' vs 'coup d'Etat' -
En attendant, en audience publique devant la plus haute juridiction administrative de France jeudi matin, l'avocat de la LFP, Me Patrice Spinosi, a dénoncé "l'excès de pouvoir" de la Fédération et sa "volte-face du 23 juillet qui a mis le feu aux poudres".
"La Ligue est maîtresse chez elle, il faut une décision stable", a poursuivi Me Spinosi, qui a estimé que seuls des faits plus graves, comme les affaires de corruption, pouvaient relever de "l'intérêt supérieur du football" invoqué par la Fédération.
"S'il y a eu volte-face, c'est de la part de la Ligue, a rétorqué l'avocat de la FFF, Me Didier Le Pardo. Tout à coup, ce n'était plus 2016-2017 mais 2015-2016. Ce coup de la Ligue générait un conflit fort, dommageable à quelques mois de l'Euro-20106 organisé en France. La Fédération a été contrainte de prendre ses responsabilités et d'intervenir".
Me Emmanuel Piwnica, qui défendait les "mal-aimés" de la Ligue 2, a quant à lui dénoncé "le coup d'éclat, le coup d'Etat" de la LFP et ses "gesticulations".
Le guerre paraît picrocholine, puisque tous les acteurs sont favorables au principe du "2/2", y compris le président de la Fédération, Noël Le Graët. La crise est née du changement de date d'application de cette réforme et de l'ascenseur entre L2 et National.
En arrière-fond se précise la volonté des clubs de Ligue 1 de se détacher de ceux de L2 afin de mieux affronter, financièrement parlant, la concurrence européenne: volonté confirmée, mardi soir, par la démission de 18 clubs de l'élite de l'UCPF, le syndicat qui regroupait jusqu'alors les 43 clubs pros, afin de créer un "nouveau syndicat professionnel".
- Feuilleton -
Tout commence avec le rapport sur la compétitivité du football français rédigé par Frédéric de Saint-Sernin et Pierre Dréossi, deux anciens dirigeants de Rennes, remis en avril 2015 et qui préconise notamment de réduire à deux le nombre de relégations et accessions entre les deux premières divisions.
Ce principe est, dans un premier temps, approuvé fin avril par l'UCPF, à la condition qu'il n'entre en vigueur qu'en 2016-2017 et qu'il régisse également l'ascenseur entre L2 et National. Mais le CA de la Ligue décide, le 21 mai, de l'appliquer dès 2015-2016.
Coup de théâtre le 20 juin: l'assemblée de la FFF décide de reporter à décembre le débat sur un éventuel passage au "2/2" entre L2 et National pour la saison 2016-2017.
Or le 9 juillet, à la surprise générale, le CA de la Ligue décide de maintenir la réforme. Les clubs de L2, qui n'ont dès lors plus que deux places dans l'ascenseur qui monte mais toujours trois dans celui qui descend, hurlent au scandale.
Le 23 juillet, nouveau rebondissement: la FFF casse alors cette décision au nom de "l'intérêt supérieur du football".
Prochain épisode de la guéguerre des instances dès vendredi.
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