La Chine a dévalué jeudi le taux de référence du yuan pour le troisième jour consécutif, mais la banque centrale s'est efforcée de rassurer, affirmant qu'une dépréciation prolongée n'aurait "aucun fondement" et qu'elle se tenait prête à intervenir en cas de "distorsions" excessives.
La banque centrale chinoise (PBOC) a réduit d'environ 1% le taux-pivot autour duquel le renminbi (autre nom du yuan) est autorisé à fluctuer. Celui-ci a été ramené à 6,4010 yuans pour un dollar, contre 6,3306 yuans mercredi.
L'institution avait déjà abaissé ce taux de référence de presque 2% mardi, puis d'environ 1,6% mercredi: des décisision considérées comme autant de dévaluations successives du yuan, même si la banque centrale s'en défend.
La brutale dépréciation du yuan, perçue comme une tentative de Pékin pour revigorer ses exportations et son économie en difficulté, avait fait chuter de concert ces deux derniers jours Bourses mondiales et cours des matières premières, mais les marchés financiers se sont reassaisis jeudi.
Les autorités chinoises apparaissent désormais soucieuses de freiner la dégringolade du renminbi, tout en désamorçant les accusations de déclencher une nouvelle "guerre des devises".
"Actuellement, il n'y a aucun fondement à une dépréciation prolongée du taux de change du yuan", a assuré jeudi Zhang Xiaohui, assistant du gouverneur de la PBOC.
"La banque centrale a tout à fait la capacité de maintenir le renminbi fondamentalement stable à un niveau raisonnable et équilibré", a-t-il martelé, lors d'une rare conférence de presse de l'institution.
Le vice-gouverneur de la PBOC Yi Gang a enfoncé le clou: "L'idée que l'on viserait une dévaluation de 10% pour stimuler nos exportations est absolument absurde, ce sont des propos extravagants!".
-'Période de rodage'-
Les deux responsables ont rappelé que la banque centrale avait en fait modifié sa façon de calculer le taux-pivot du yuan pour prendre davantage en compte les fluctuations des marchés des changes.
Et que les dépréciations drastiques des derniers jours découlaient simplement de ce nouveau mécanisme, en comblant l'écart entre le niveau officiel où se trouvait le yuan et la valeur "réelle" que lui prête le marché.
"Cet écart était de l'ordre de 3%", et étant donné la chute enregistrée par le renminbi depuis mardi, "l'ajustement est désormais pratiquement terminé", a commenté M. Zhang.
Le surcroît de flexibilité aurait donné libre cours aux pressions à la baisse sur le yuan, accumulées et contenues depuis des mois, a-t-il suggéré.
"Tout le monde était habitué à un taux de changes extrêmement stable, alors forcément cette correction a provoqué des fluctuations, mais celles-ci restent gérables, et après une brève et temporaire période de rodage, on retournera à des conditions normales", abondait le vice-gouverneur Yi.
Ces propos semblaient rassurer les marchés financiers, qui rebondissaient jeudi avec vigueur en Asie comme en Europe.
D'autant que, d'après l'agence Bloomberg, la banque centrale serait d'ores et déjà intervenue mercredi: quelques minutes avant la clôture des échanges en Chine, la PBOC a réalisé des achats massifs de dollars, permettant au yuan de remonter soudainement.
Un signe selon les analystes que Pékin n'est guère désireux de voir le yuan plonger de façon incontrôlée.
Une telle dépréciation pourrait en effet être à double tranchant, en encourageant les fuites de capitaux hors de Chine, en renchérissant le coût des importations du pays et en gonflant le poids des dettes en dollars des entreprises chinoises.
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