La Cooperl, numéro un du porc en France, a annoncé qu'elle serait de nouveau absente jeudi de la séance de cotation du marché du porc breton (MPB) et les éleveurs de l'ouest ont posé des ultimatum fermes à l'Etat pour qu'il trouve une solution à la crise, tous secteurs confondus.
"Un ultimatum a été posé à l?Etat pour une réponse urgente d?ici la prochaine cotation du MPB de ce jeudi 13 août", ont indiqué la FDSEA et les Jeunes agriculteurs du Finistère dans un communiqué mercredi.
Mais la crise, relancée lundi dans le secteur du porc par la Cooperl et Bigard, deux industriels dénonçant le prix trop élevé qui leur était demandé depuis juin pour rémunérer les éleveurs de porcs, menace mercredi soir de repartir dans tous les secteurs de l'élevage, qui connait de nombreuses manifestations de colère depuis le début du mois de juin.
"Les éleveurs ont déjà montré ces dernières semaines leur cohésion; sans arbitrage ferme et rapide du gouvernement, ils n?hésiteront pas à aller plus loin", ont indiqué les éleveurs FRSEA de Bretagne, Pays de la Loire et Normandie, tous secteurs d'élevage confondus, dans un communiqué appelant à une conférence de presse commune à Rennes lundi.
Ils réclament "l'application pure et dure des engagements pris en juin et juillet derniers pour revaloriser les prix à la production", dans toutes les productions d'élevage.
L'absence de la Cooperl lundi du marché breton (MPB), à Plérin (Côtes d'Armor), combinée à celle de Bigard, numéro un de la viande en France, a entraîné la suspension des cours, fixés habituellement deux fois par semaine, le lundi et le jeudi.
Pointant les distorsions de concurrence avec les autres bassins de production de porc en Europe, la Cooperl explique que "0,28 euro sépare aujourd'hui le cours français (du porc) du cours allemand, 0,38 euro du cours hollandais". Mercredi soir, la Cooperl et Bigard, qui représentent 30% des achats de porcs au MPB, campaient sur leurs positions. Le Syndicat national de l'industrie des viandes (SNIV-SNCP), qui s'était déjà exprimé au nom de Bigard lundi, a réaffirmé mercredi soir que "l'action de ces deux groupes consiste uniquement à dénoncer un prix politique déconnecté de la réalité économique du marché européen" mais qu'ils s'approvisionnent "exclusivement en porcs nés et élevés en France".
- Incertitude sur la cotation jeudi -
Contactée en fin de journée mercredi, la direction du marché de Plérin indiquait: "on prépare le marché comme un jeudi normal bien que la Cooperl ait fait savoir qu'elle ne serait pas là demain". Mais, ajoutait-on, rien ne permettait de savoir s'il y aura cotation ou pas.
L'organisation professionnelle Coop de France a apporté mercredi "son total soutien à la Cooperl", car "force est de constater que, dans la filière porcine, nombreux sont les clients de nos industriels qui ne participent pas à cet effort de revalorisation".
De leur côté, les enseignes E.Leclerc, Intermarché et Casino, mais aussi Système U et Auchan ont indiqué mardi et mercredi qu'elles continueraient à soutenir le cours du porc, en maintenant leur position d'achat à 1,40 euro le kilo.
La Fédération du commerce et de la distribution (FCD), qui représente les entreprises du commerce à prédominance alimentaire, a également réitéré l'engagement des enseignes à "accepter une forte revalorisation des prix des produits qu'elles achètent auprès des filières bovine, porcine et laitière".
Le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, a annoncé la tenue d'une table ronde fin août.
Pour le président de la Cooperl, Patrice Drillet, il faut "accepter, s'il n'y a pas d'harmonisation sociale en Europe, que les États puissent compenser une partie du différentiel (au niveau des prix) sur leur territoire".
De son côté, le président de la Fédération Nationale des Syndicats d'Exploitants Agricoles (FNSEA), Xavier Beulin, a demandé sur RTL que "la Commission européenne et le conseil des ministres européens, sans attendre le 7 septembre, puissent prendre des mesures exceptionnelles de dégagement du marché pour soutenir les cours".
"Il faut que l?Europe comprenne qu?on ne pourra pas avoir une agriculture, un élevage européens si on continue à avoir une Europe qui se joue les uns contre les autres", a déclaré pour sa part sur i-TELE le président de l'Assemblée nationale Claude Bartolone (PS).
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