Les espoirs de stabilisation du marché du pétrole se sont évanouis: les cours ont retrouvé à New York leurs plus bas niveaux depuis 2009, avec peu de chances de rebondir face à une offre pléthorique et des inquiétudes sur la consommation chinoise.
Mardi, le cours du baril de "light sweet crude" (WTI), la référence américaine du brut, pour livraison en septembre - le contrat de référence - a terminé à son plus bas niveau de clôture depuis près de six ans et demi, à 43,08 dollars. Il a baissé de 1,88 dollar sur la séance.
On est loin des 98,08 dollars auxquels il s'échangeait il y a un an jour pour jour.
En Europe, le cours du baril de Brent a, lui, baissé de 1,23 dollar à 49,18 dollars.
Cette rechute des prix, entamée début juillet, est décourageante pour les investisseurs, d'autant qu'elle intervient après une stabilisation de plusieurs mois autour de 60 dollars le baril.
"Ce qui a soutenu le marché pendant quelques mois, c'est l'idée que le niveau peu élevé des cours allait relancer la demande", a expliqué Gene McGillian, de Tradition Energy. "Comme la Chine est le principal acteur du côté de la demande, le marché n'y croit plus."
Entre une chute de quelque 25% de la Bourse de Shanghaï depuis la mi-juin et une série d'indicateurs inquiétants sur l'activité économique et le commerce extérieur du pays, la Chine, deuxième consommateur mondial d'or noir, donne nettement moins de raisons d'espérer qu'en début d'année.
C'est d'ailleurs de Pékin qu'est venu mardi le dernier coup porté au marché, avec une dévaluation du yuan qui témoigne de l'inquiétude des autorités et risque de diminuer les exportations vers la Chine.
- L'Iran, une incertitude -
Ces inquiétudes sur la demande retirent encore un soutien à un marché déprimé par une offre excessive, qui n'a guère donné de signes de tarissement depuis le début 2015, au sein de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) comme des Etats-Unis.
Moins que le maintien en juin par le cartel de son plafond théorique de production à 30 millions de barils par jour (bpj), c'est la réalisation que l'Opep dépasse ces quotas de quelque deux millions de bpj qui refroidit le marché.
"La production de l'Opep est à son plus haut depuis trois ans, et l'Irak et l'Arabie saoudite", les deux principaux producteurs du cartel, "en sont à des niveaux jamais vus depuis le début des années 1980", a noté Matt Smith, de ClipperData.
Plusieurs analystes se font l'écho de rumeurs selon lesquelles Ryad envisagerait enfin de réduire sa production, mais l'Opep a vite pris garde de doucher officiellement ces espoirs.
De plus, certains investisseurs mettent en garde sur un afflux de pétrole iranien à la suite de l'accord nucléaire signé à la mi-juillet par Téhéran avec six grandes puissances, même si tous les observateurs ne sont pas d'accord sur son rôle dans la rechute actuelle des prix.
Du côté américain, la production donne peu de signe de déclin, même si les analystes les plus optimistes parient sur des difficultés des entreprises spécialisées dans le pétrole de schiste.
Autre évolution notable des derniers mois, pendant le printemps, "le dollar s'était affaibli, ce qui avait donné du soutien au rebond des prix", a noté M. Smith.
Désormais, le billet vert se renforce de nouveau dans la perspective d'une prochaine normalisation monétaire de la Réserve fédérale (Fed), et cela pèse sur les échanges pétroliers, libellés en monnaie américaine et donc plus coûteux.
Les chances d'un rebond semblent maigres, tandis que l'industrie américaine continue à souffrir du faible niveau des cours qui engloutit les profits des deux majors pétrolières Chevron et ExxonMobil, et conduit à des dépôts de bilan de plus petits acteurs comme Sabine Oil & Gas, sixième acteur du secteur.
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