La Grèce et ses créanciers ont trouvé un accord tôt mardi, en vue d'un troisième plan d'aide au pays "d'environ 85 milliards d'euros", ont annoncé des responsables grecs à l'issue d'une négociation-marathon, tout en admettant que des détails restent à régler.
Cependant, le doute régnait un peu en fin de journée sur le calendrier d'adoption définitive de cet accord. La Commission européenne a ainsi noté qu'il y avait bien un accord, mais "au niveau technique à ce stade", et qu'il fallait désormais "une évaluation politique", sans qu'on sache très bien sous quelle forme cette décision politique devait être prise.
Une source européenne a laissé ouverte mardi soir la possibilité que l'accord ne soit en fait pas formellement entériné d'ici au 20 août, date à laquelle la Grèce doit rembourser 3,4 milliards d'euros à la Banque centrale européenne (BCE), rappelant que le président de la Commission Jean-Claude Juncker avait déjà déclaré la semaine dernière qu'on pourrait avoir recours à "un prêt-relais de quelques jours" pour conclure l'accord sans que la Grèce manque ce paiement.
Cette position est en tout cas celle de l'Allemagne. Lundi encore, le porte-parole de la chancelière Angela Merkel, Steffen Seibert, avait insisté : "l'exhaustivité passe avant la rapidité", avait-il martelé.
Athènes pour sa part a agi mardi comme si tout était réglé. Dans un communiqué, le gouvernement s'est félicité de pouvoir "assurer" grâce au nouveau plan - en échange duquel il doit accepter une longue liste d'ajustements budgétaires et de réformes, dont 35 mesures immédiates - "la couverture de ses remboursements d'emprunts et des arriérés de paiement de l'Etat pour les trois prochaines années".
Dans l'après-midi, le Premier ministre Alexis Tsipras a demandé à la présidente du Parlement Zoé Konstantopoulou de convoquer jeudi le Parlement en séance plénière, pour ratifier le texte d'un projet de loi sur l'accord qu'il entendait déposer dès mardi à l'Assemblée, afin qu'il puisse être examiné mercredi en commissions parlementaires.
- Femme de caractère -
Mme Konstantopoulou n'a pas immédiatement fait connaître sa réponse. Cette femme de caractère fait partie de l'aile gauche de Syriza, dont une trentaine de députés (sur 149) ont fait défaut à M. Tsipras lors de deux premiers votes sur ce plan d'aide, auquel ils sont opposés, les 15 et 22 juillet.
Le vote de jeudi, s'il a lieu, sera une occasion pour le Premier ministre de compter ses troupes, dans l'hypothèse de législatives anticipées au cours des semaines à venir.
Définitif ou pas tout à fait, puisque de l'aveu même du ministre des Finances Euclide Tsakalotos, "un ou deux détails" restent à régler, l'accord trouvé mardi marque en tout cas une nouvelle phase des relations entre Athènes et ses quatre créanciers, Union européenne (UE), Banque centrale européenne (BCE), Fonds monétaire international (FMI) et Mécanisme européen de stabilité (MES).
Les différentes parties sont restées enfermées pendant deux semaines dans un hôtel du centre d'Athènes, avec un marathon final de 22 heures d'affilée, sans la moindre rumeur de dispute.
M. Tsipras, selon l'agence ANA, a passé toute la soirée de lundi à expliquer sa détermination à conclure un accord en donnant une rafale de coups de téléphone, à Mme Merkel, au président français François Hollande, à M. Juncker et au président du Parlement européen Martin Schultz.
Déjà dans la nuit, un premier pas important avait été annoncé, avec un accord sur les objectifs budgétaires de la Grèce pour 2015-2018.
Il est désormais prévu que la Grèce connaisse un déficit primaire (solde du budget hors remboursement de la dette) de 0,25% du PIB en 2015, avant des excédents primaires de 0,5% du PIB en 2016, 1,75% en 2017 et 3,5% en 2018, au lieu d'excédents chaque année, comme espéré précédemment.
Les négociateurs ont dû en effet tenir compte de l'important ralentissement économique qui pèse sur le pays, un peu plus paralysé encore depuis fin juin par un strict contrôle des capitaux, mis en place pour éviter une panique bancaire.
Tel qu'il semble se présenter, l'accord n'emballe pas les économistes de Capital Economics, qui le jugeaient mardi construit, malgré les révisions à la baisse, "sur des projections économiques et budgétaires extrêmement optimistes qui pourraient signifier qu'il ne durera pas très longtemps".
Il était contesté aussi, dès avant son examen par le Parlement, par le syndicat communiste PAME, qui appelait à manifester jeudi contre un plan vu comme "un Armageddon pour les travailleurs et les classes populaires".
Quant à la Bourse d'Athènes, qui se remet peu à peu des fortes pertes de la semaine dernière, elle a réagi positivement mais sans plus mardi, gagnant 2,14%.
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