Matignon a coupé court mardi aux velléités d'élus locaux de mettre en place une écotaxe au niveau régional, dans le Nord-Pas-de-Calais/Picardie notamment, estimant que le sujet était clos.
"Le gouvernement n'envisage pas du tout d'ouvrir la possibilité" d'une écotaxe au niveau des régions, a affirmé Matignon à l'AFP.
La formule, tranchante, est venue mettre fin à l'idée lancée lundi dans Les Échos par Frédéric Cuvillier, député-maire PS de Boulogne-sur-mer (Pas-de-Calais), avec laquelle la tête de liste PS aux régionales pour le Nord-Pas-de-Calais-Picardie, Pierre de Saintignon, était "d'accord".
"J?ai plaidé dès l'an dernier pour que le principe de l?écotaxe, qui a dû être abandonné au niveau national, puisse renaître dans les régions", avait expliqué l'ancien ministre des Transports, réclamant "un moratoire" au gouvernement sur le démantèlement des portiques dans la région Nord-Pas-de-Calais/Picardie et souhaitant s'inspirer du système belge baptisé "Viapass".
Dans la foulée, Claude Bartolone, président de l'Assemblée nationale et tête de liste PS pour les régionales en IDF, s?était également déclaré "favorable" à la mise en place d?une écotaxe pour les camions en Ile-de-France. "Ce serait une bonne chose que de trouver un système qui permette d?élargir la base de nos financements pour pouvoir le plus vite possible réussir la modernisation de nos réseaux de transports", avait-il dit.
Sollicités mardi par l'AFP sur la mise au point de Matignon, MM. Cuvillier et Bartolone se sont refusés à réagir dans l'immédiat.
L'écotaxe avait été abandonnée en octobre 2014 et le gouvernement avait signé en décembre un accord sur le dédommagement du consortium franco-italien Ecomouv', qui était chargé de collecter cette taxe écologique, prévoyant de lui verser environ 800 millions d'euros.
Mais mi-juin, la ministre de l?Écologie Ségolène Royal avait dit qu'elle allait examiner l'idée de laisser la possibilité à certaines régions de mettre en place une écotaxe pour les poids lourds en transit. "Je pense que c'est une bonne idée, non seulement pour la région Ile-de-France mais également pour d'autres régions, par exemple comme la région Alsace", qui subit "un détournement des camions" qui payent en Allemagne et pas en Alsace, avait déclaré la ministre.
- 'Pas lieu de faire rebondir le sujet' -
Interrogé sur ces propos, Matignon a répondu : "Entre le moment où l'écotaxe a été suspendue et le moment où on a liquidé le dispositif, il y a eu tout un temps de réflexion sur les alternatives, dont celle-là, mais maintenant, on en n'est plus là". Depuis la liquidation du dispositif, "il n'y a plus de sujet d'écotaxe, et il n'y pas lieu de le faire rebondir".
Mardi, le maire de Carhaix (Finistère), Christian Troadec, un des fondateurs des "bonnets rouges" qui s'étaient illustrés dans la lutte contre les portiques écotaxes en 2013, avait fait savoir qu'il disait toujours "non au retour de l'écotaxe".
Dominique Reynié, candidat Les Républicains dans la région Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées, y a vu "peut-être une bonne idée si, préalablement, l'État français réduit la pression fiscale sur l'activité économique, sinon c'est une surcharge supplémentaire."
Le Front national y serait favorable, mais uniquement "sur les camions étrangers, pas sur les camions français", selon Florian Philippot, vice-président du FN. Le Parti de gauche s'est dit pour sa part "très sceptique sur tout système qui équivaut à développer des inégalités ou des règles différentes selon la région".
En 2013, l'hostilité des Bretons à cette taxe, dans une région connaissant de multiples plans sociaux et où la gratuité des routes a été décidée par le général de Gaulle, les destructions de portiques et des manifestations marquées par des échauffourées avec les forces de l'ordre avaient conduit le gouvernement de Jean-Marc Ayrault à suspendre l'application de cette mesure.
Le gouvernement doit encore dire quel dispositif il mettra en place à partir de 2016 pour remplacer les recettes de l'écotaxe. Deux possibilités sont envisagées: une vignette, ou une pérennisation du dispositif mis en place pour 2015, l'extension aux poids-lourds de la hausse de quatre centimes par litre de la taxe sur le gazole.
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