La Grèce et ses créanciers ont trouvé un accord tôt mardi, en vue d'un troisième plan d'aide au pays d'au moins 82 milliards d'euros, ont annoncé des officiels grecs à l'issue d'une négociation-marathon, même si quelques détails restaient à régler en cours de journée.
Du côté des créanciers, on préférait attendre un peu avant de faire des commentaires.
Athènes d'un côté, et de l'autre les quatre institutions créancières du pays, Union européenne (UE), Banque centrale européenne (BCE), Fonds monétaire international (FMI) et Mécanisme européen de stabilité (MES), enfermés dans un hôtel du centre de la capitale grecque, discutaient depuis plus de deux semaines pour essayer de conclure ce plan d'aide, le troisième depuis 2010.
Tôt mardi matin, après un marathon final de 22 heures d'affilée, une source gouvernementale grecque a indiqué à l'AFP que les négociateurs avaient "trouvé un accord". Le ministre des Finances Euclide Tsakalotos a également assuré en sortant de l'hôtel Hilton "qu'on est très proche" d'un tel accord, et que "restent seulement à régler un ou deux très petits détails sur les actions préliminaires à mener".
Ces détails "n'affectent pas l'esprit général de l'accord", a ajouté une autre source gouvernementale auprès de l'AFP.
Selon le quotidien Kathimerini, la Grèce a dû s'engager pour arracher l'accord à mener immédiatement 35 réformes allant d'un changement sur les taxes à la tonne pour les compagnies maritimes, à la réduction du prix des médicaments génériques, en passant par le renforcement de la lutte contre la délinquance financière ou la dérégulation du secteur de l'énergie.
A la Commission européenne à Bruxelles, on indiquait attendre le briefing de la mi-journée pour s'exprimer.
A Berlin, le porte-parole du ministre des Finances Wolfgang Schäuble a indiqué qu'il fallait "attendre que le programme dans son ensemble nous soit communiqué officiellement (pour) l'examiner et le commenter". Il a notamment insisté sur les informations faisant état de "détails" encore à régler.
L'Allemagne s'est montrée partisane ces derniers jours de prendre le temps pour conclure un accord "solide", quitte à offrir à Athènes un prêt-relais dans les prochains jours pour lui permettre d'honorer un paiement de 3,4 milliards d'euros dû à la BCE le 20 août.
"L'exhaustivité passe avant la rapidité", avait commenté lundi le porte-parole de la chancelière allemande Angela Merkel, Steffen Seibert.
Le gouvernement grec semble espérer pour sa part aller vite et sortir rapidement de ces négociations qui durent depuis l'arrivée du Premier ministre Alexis Tsipras en janvier.
Le Premier ministre, selon l'agence grecque ANA, s'est ainsi lancé lundi soir dans une rafale de coups de téléphone, à Mme Merkel, au président français François Hollande, au président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker et au président du Parlement européen Martin Schultz, qui aurait permis de confirmer "la volonté générale d'un accord", affirme ANA.
- Le courant passe mieux -
Selon le site d'information in.gr, le gouvernement a l'intention, une fois qu'il serait parachevé, de soumettre l'accord au Parlement dès mardi après-midi, avec l'objectif d'un vote jeudi.
Dans ce cas, l'Eurogroupe (réunion des ministres des Finances de la zone euro) serait en parfaite position pour acter tout cela vendredi, un calendrier idéal pour que la Grèce puisse recevoir à temps de quoi payer la BCE le 20 août, sans prêt-relais.
Déjà dans la nuit, un premier pas important avait été annoncé, avec un accord sur les objectifs budgétaires de la Grèce pour 2015-2018, socle indispensable de l'accord final.
Il est désormais prévu, selon l'agence grecque ANA, que la Grèce connaisse un déficit primaire (solde du budget hors remboursement de la dette) de 0,25% du PIB en 2015, avant des excédents primaires de 0,5% du PIB en 2016, 1,75% en 2017 et 3,5% en 2018.
Ces objectifs diffèrent des objectifs sur lesquels la Grèce et ses créanciers travaillaient jusqu'en juin. A l'époque, ils n'envisageaient que des excédents primaires, de 1% cette année à 3,5% en 2018.
Mais les négociateurs ont dû tenir compte de l'important ralentissement économique qui pèse sur le pays, un peu plus paralysé encore depuis fin juin par un strict contrôle des capitaux, mis en place pour éviter une panique bancaire.
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