La Grèce et ses créanciers ont trouvé un accord tôt mardi, en vue d'un troisième plan d'aide au pays d'au moins 82 milliards d'euros, ont annoncé mardi des officiels grecs à l'issue d'une négociation-marathon, même si quelques détails restaient à régler en cours de journée.
Athènes d'un côté, et de l'autre les quatre institutions créancières du pays, Union européenne (UE), Banque centrale européenne (BCE), Fonds monétaire international (FMI) et Mécanisme européen de stabilité (MES), enfermés dans un hôtel du centre de la capitale grecque, étaient engagées dans un marathon depuis plus de deux semaines pour essayer de conclure au plus vite ce plan d'aide, le troisième depuis 2010.
Vers 06h00 GMT mardi, une source gouvernementale grecque a indiqué à l'AFP que les négociateurs "ont trouvé un accord". Le ministre des Finances Euclide Tsakalotos a également assuré en sortant de l'hôtel Hilton "qu'on est très proche" d'un accord, et que "restent seulement à régler un ou deux très petits détails sur les actions préliminaires à mener".
Ces détails "n'affectent pas l'esprit général de l'accord", a ajouté une autre source gouvernementale auprès de l'AFP.
Selon le quotidien Kathimerini, en effet, la Grèce a dû s'engager pour arracher l'accord à mener immédiatement 35 réformes allant d'un changement sur les taxes à la tonne pour les compagnies maritimes, à la réduction du prix des médicaments génériques, en passant par le renforcement de la lutte contre la délinquance financière, ou la dérégulation du secteur de l'énergie.
Les créanciers ne s'étaient pas encore exprimés en début de matinée sur l'issue des discussions.
Selon le site d'information in.gr, le gouvernement grec a désormais l'intention, une fois qu'il sera parachevé, de soumettre l'accord au Parlement dès mardi après-midi, avec l'objectif d'un vote jeudi.
Dans ce cas, l'Eurogroupe (réunion des ministres des Finances de la zone euro) serait en parfaite position pour acter tout cela vendredi, un calendrier idéal pour que la Grèce puisse recevoir à temps de quoi payer une échéance de 3,4 milliards d'euros due à la BCE, le 20 août.
Déjà dans la nuit, un premier pas important avait été annoncé, avec un accord sur les objectifs budgétaires de la Grèce pour 2015-2018, socle indispensable de l'accord final.
- Le courant passe mieux -
Il est désormais prévu, selon l'agence grecque ANA, que la Grèce connaisse un déficit primaire (solde du budget hors remboursement de la dette) de 0,25% du PIB en 2015, avant des excédents primaires de 0,5% du PIB en 2016, 1,75% en 2017 et 3,5% en 2018, selon cette source.
Ces objectifs diffèrent des objectifs sur lesquels la Grèce et ses créanciers travaillaient jusqu'en juin. A l'époque, ils n'envisageaient que des excédents primaires, 1% cette année, 2% en 2016, 3% en 2017 et 3,5% en 2018.
Mais les négociateurs ont dû tenir compte de l'important ralentissement économique qui pèse sur le pays depuis l'arrivée au pouvoir en janvier du parti Syriza d'Alexis Tsipras, englué depuis lors dans ces négociations interminables.
Le pays est en outre un peu plus paralysé encore depuis fin juin par un strict contrôle des capitaux, mis en place pour éviter une panique bancaire.
Depuis le début, les discussions entre Athènes et ses créanciers sur ce troisième plan, conclu pourtant à l'arraché et dans une ambiance sinistre au matin du 13 juillet, à l'issue d'un sommet européen, s'étaient bien déroulées.
Manifestement, le courant passe beaucoup mieux depuis un mois que M. Tsakalotos est ministre des Finances, en remplacement de Yanis Varoufakis.
Lundi encore, Annika Breidthardt, porte-parole de la Commission européenne, estimait que "les institutions (créancières) travaillent main dans la main avec les autorités grecques".
Pour faire digérer par avance à l'opinion publique certaines mesures sociales difficiles, M. Tsipras a voulu donner l'exemple, lundi, en annonçant, hors du cadre de l'accord, une plus forte imposition des députés et une baisse du traitement des ministres.
"Quand la question de la suppression des avantages fiscaux des agriculteurs est mise sur la table des négociations, nous ne pouvons pas jouer les indifférents concernant nos propres avantages", a-t-il déclaré.
Restait aussi à attendre la réaction de l'Allemagne, qui s'était montrée réticente à un accord trop rapide, exprimant sa préférence pour un prêt-relais de quelques milliards d'euros afin que la Grèce puisse payer à temps l'échéance à la BCE.
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