Perchés aux sommets de pitons rocheux, d'où leur surnom de "citadelles du vertige", les châteaux du pays cathare demandent leur inscription à l'Unesco dans l'espoir de doper leur fréquentation et ainsi toute l'économie de l'arrière-pays rural du Sud-Ouest.
Avec un mercure qui tutoie les 40 degrés, la sueur perle en grosses gouttes sur le front des touristes à l'assaut du château de Peyrepertuse, plus haute forteresse de France accrochée à 816 mètres d'altitude sur un contrefort des Corbières audoises.
Sur les sentiers escarpés, les pieds fatigués glissent sur les éboulis, faisant comprendre aux randonneurs haletants tout le sens de l'expression "citadelle imprenable". Arrivés à la cime, le panorama récompensera l'effort, offrant une vue elle aussi imprenable sur la garrigue et la vigne alentour.
Pourtant, ils ne sont que 400.000 chaque année à conquérir ces forteresses construites il y a environ mille ans, souvent éloignées des grands circuits touristiques. 2,5 millions de personnes visitent en revanche la Cité de Carcassonne toute proche.
C'est pour lutter contre cette injustice que le département de l'Aude demande le classement au patrimoine mondial de l'Unesco de sept châteaux.
"L'Unesco, c'est le label d'excellence qui permet d'entrer dans la cour des grands. Ca pourrait générer 20 à 30% de visiteurs en plus", résume pour l'AFP Sébastien Pla, directeur de l'Agence de développement touristique de l'Aude.
Le classement en 1997 de "la Cité", c'est-à-dire la forteresse de Carcassonne, a fait bondir d'environ 30% le nombre de visiteurs.
"Le logo Unesco, c'est la première chose que les touristes voient", souligne André Viola, président socialiste du Conseil départemental de l'Aude.
Mais le chemin vers l'Unesco est aussi ardu que les sentiers vers les "citadelles du vertige".
- Faire connaître le catharisme -
Au printemps, un comité scientifique local a sélectionné sept châteaux médiévaux - les mieux conservés - parmi les 21 que compte la région: un en Ariège (Montségur) et six dans l'Aude (Peyrepertuse, Quéribus, Puylaurens, Aguilar, Lastours et Termes).
Le dossier de demande est arrivé en juin sur le bureau du Comité national des biens français, qui fera une recommandation au gouvernement sur une inscription ou non sur la "liste indicative nationale" française, actuellement forte de 35 projets.
Puis Paris puisera dans cette liste pour proposer un maximum de deux noms par an à l?Unesco, qui décrète ou rejette le classement.
"Au mieux, nous serons classés dans quatre ou cinq ans. C'est un engagement de longue haleine", reconnaît André Viola, qui évalue à "50-50" les chances d'un succès.
Pour le président du Département, un classement transformerait les forteresses en "sites-vitrines qui feraient venir les touristes dans l'arrière-pays", souvent oublié par rapport aux rivages méditerranéens.
"Le tourisme dans l'Aude génère 900 millions d'euros par an. Avec l'Unesco, il deviendrait le premier secteur économique, devant l'agriculture", qui produit pour un milliard d'euros de richesse, ajoute M. Viola.
"Les sept châteaux sont situés dans des zones rurales en difficulté avec une densité de population d'environ 10 habitants au km2. Nous avons besoin du tourisme", abonde Sébastien Pla, maire de la petite commune de Duilhac-sous-Peyrepertuse, en contrebas du château éponyme.
"Ici, nous accueillons 100.000 visiteurs par an, pour 150 habitants: ça génère plus de 10 millions d'euros par an", une manne également essentielle à l'entretien coûteux de ces châteaux en grande partie en ruines.
Le classement aurait également l'avantage de "faire mieux connaître le catharisme" et détruire les nombreux mythes associés à cette religion, à commencer par la qualification abusive de "châteaux cathares", espère Jean Blanc, attaché de conservation aux Archives départementales de l'Aude.
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