La fin du marathon? Après avoir continué tout le week-end, les discussions entre Athènes et ses créanciers sur un troisième plan d'aide à la Grèce ont repris d'arrache-pied dès lundi matin, avec l'espoir d'en finir mardi, malgré des réticences en Allemagne.
Samedi, et jusque tard dans la nuit de dimanche à lundi, les Grecs ont poursuivi les discussions, dans un hôtel du centre d'Athènes, avec les créanciers, Union européenne (UE), Banque centrale européenne (BCE), Fonds monétaire international (FMI) et Mécanisme européen de stabilité (MES).
Il s'agit pour Athènes de donner des gages de bonne volonté en acceptant des réformes d'assainissement de l'économie du pays, en échange d'un plan d'aide sur trois ans de plus de 80 milliards d'euros - le montant reste à préciser -, le troisième après les 240 milliards d'euros apportés depuis 2010.
Les discussions ont repris lundi matin, a indiqué à l'AFP une source gouvernementale, "avec intensité, mais sans heurts". Selon l'agence ANA, les négociateurs souhaitent faire de la journée un véritable "marathon", pour en finir mardi au plus tard, voire dès lundi soir.
Annika Breidthardt, porte-parole de la Commission européenne, a affirmé lundi que "les institutions (créancières) travaillent main dans la main avec les autorités grecques". "Il y a des progrès profonds et nous en espérons d'autres au cours de la journée, alors que les discussions se poursuivent sur les points encore à régler", a-t-elle ajouté.
Ces points sont en effet encore assez nombreux, et aussi divers et précis que l'augmentation de l'impôt de solidarité sur les hauts revenus, ou les taux de TVA sur l'essence destinée aux agriculteurs, ou la viande de boeuf.
Pour faire passer certaines mesures sociales difficiles, le Premier ministre Alexis Tsipras a annoncé lundi, hors cadre de l'accord, une plus forte imposition des députés et une baisse du traitement des ministres.
"Quand la question de la suppression des avantages fiscaux des agriculteurs est mise sur la table des négociations, nous ne pouvons pas jouer les indifférents concernant nos propres avantages", a-t-il déclaré.
- "L'exhaustivité avant la rapidité" -
S'il est achevé mardi, le texte d'accord pourrait ensuite être voté par les députés grecs, jeudi, puis être présenté vendredi aux ministres des Finances de la zone euro (Eurogroupe).
Ce scénario idéal ouvrirait la voie à une entrée en vigueur du plan d'aide avant le 20 août, date à laquelle la Grèce doit absolument rembourser 3,4 milliards d'euros à la Banque centrale européenne (BCE).
Vu l'ambiance de bonne collaboration entre Athènes et ses créanciers, inédite depuis l'arrivée au pouvoir du parti Syriza d'Alexis Tsipras en janvier, il semble n'y avoir aucun risque que les créanciers d'Athènes la laissent dans l'impossibilité d'honorer ce paiement.
Mais l'Allemagne serait plutôt favorable à ne pas tout donner tout de suite et à poursuivre le plus loin possible les négociations, en n'accordant qu'un nouveau prêt-relais de quelques milliards d'euros pour payer l'échéance à la BCE.
Un peu comme l'UE l'avait déjà fait en juillet, en versant 7 milliards d'euros à la Grèce après la conclusion au forceps de l'accord en vue du troisième plan d'aide. L'argent avait été aussitôt englouti dans un précédent versement de 4,2 milliards à la BCE, à échéance du 20 juillet, et dans le remboursement de deux milliards d'euros dus au FMI depuis fin juin.
Lundi matin, tant le porte-parole de la chancelière Angela Merkel que celui du ministre des Finances Wolfgang Schäuble ont appelé à modérer les impatiences.
Pour le premier, Steffen Seibert, l'accord doit "être une base solide et de long terme pour continuer à travailler ensemble", "en conséquence, () l'exhaustivité passe avant la rapidité".
Dans la même veine, Jürg Weissgerber a estimé que "la qualité passe avant la vitesse", tout en ajoutant que les Allemands sont "prêts à un examen rapide (d'un accord) si cela est nécessaire".
La presse grecque bruissait à nouveau de rumeurs lundi sur le calendrier des élections législatives anticipées que M. Tsipras, toujours très populaire, pourrait vouloir organiser prochainement, afin de raffermir sa base dont l'aile gauche est opposée à la signature du troisième accord.
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