Le président ukrainien Petro Porochenko a demandé lundi des consultations d'urgence avec Paris, Berlin et Moscou concernant l'escalade "dangereuse" des violences dans l'Est séparatiste prorusse après des combats féroces impliquant des chars et de l'artillerie déclenchés, selon Kiev, par les rebelles.
L'armée ukrainienne a affirmé lundi avoir repoussé une offensive rebelle impliquant quelque 200 hommes appuyés par une dizaine de chars près de la ville de Starognativka, située à mi-chemin entre le bastion séparatiste de Donetsk et le port de Marioupol, dernière grande ville dans la zone du conflit sous contrôle des autorités ukrainiennes.
L'armée a riposté en faisant donner l'artillerie et "a pris des hauteurs stratégiques qui étaient sous contrôle rebelle", a indiqué le ministère de la Défense. Sept soldats ont été blessés, précise le ministère.
Le porte-parole de l'armée ukrainienne Andriï Lyssenko a parallèlement fait état d'une intensité inédite de tirs rebelles contre les positions ukrainiennes au cours des dernières 24 heures.
"Il y a eu 127 attaques, un nombre record depuis la bataille de Debaltsevé", un noeud ferroviaire stratégique passé sous contrôle des combattants séparatistes peu après la signature des accords de Minsk 2 en février.
Fait rarissime depuis la trêve instaurée dans le cadre de ces accords signés grâce à la médiation franco-allemande et en présence du président russe Vladimir Poutine, la bataille de Starognativka a poussé le président Porochenko à convoquer son ministre de la Défense et le chef de l'état-major ainsi que le secrétaire du Conseil de sécurité nationale et de Défense pour faire le point de la situation.
- Processus de paix menacé -
Le chef de l'Etat a chargé dans la foulée son ministre des Affaires étrangères Pavlo Klimkine de "mener des consultations d'urgence" avec les pays du format "Normandie" (Russie, France, Allemagne et Ukraine).
Les diplomates sont chargés d'informer les médiateurs des accords de Minsk ainsi que l'OSCE et l'Otan d'"une escalade dans le Donbass et (de) la menace pour le processus de paix", a indiqué le ministère ukrainien des Affaires étrangères dans un communiqué.
Ces combats interviennent 24 heures après un incendie criminel sur le parking d'un hôtel de Donetsk où sont basés les observateurs de l'OSCE qui surveillent le conflit sur le terrain. Plusieurs de leurs véhicules blindés ont été détruits.
"Il semblerait que certaines personnes veuillent que l'OSCE arrête de témoigner de ce qui se passe", avait réagi dimanche l'organisation, qui estime que l'incendie était de la responsabilité de "ceux qui contrôlent de facto Donetsk", c'est-à-dire des rebelles.
Le chef séparatiste de la république autoproclamée de Donetsk Alexandre Zakhartchenko a de son côté prédit la semaine dernière qu'il y aurait "une nouvelle spirale des combats".
"Nous sommes en attente des hostilités () nous sommes prêts à tout", a-t-il déclaré cité par l'agence publique russe Ria Novosti.
Le secrétaire du conseil ukrainien de sécurité nationale et de défense Olexandre Tourtchinov a pour sa part estimé lundi que les rebelles concentraient leurs forces "pour percer la défense" ukrainienne.
"Les provocations contre la mission de l'OSCE étaient un élément des préparatifs de l'offensive contre nos positions", a-t-il assuré.
L'est de l'Ukraine où plus de 6.800 personnes ont péri en seize mois connaît un regain de violences meurtrières ces dernières semaines.
Un soldat et un civil ont été tués au cours des dernières 24 heures, selon des bilans séparés fournis par les autorités de Kiev et par les séparatistes.
Un militaire a été tué et quatre blessés dans la région rebelle de Lougansk, a annoncé dans la matinée l'administration régionale pro-Kiev.
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