Le site archéologique de Pompéi, enseveli en 79 après JC et devenu l'un des témoignages sur le passé les plus précieux au monde, se prépare à renaître pour la deuxième fois, un défi pour l'Italie et les archéologues.
"Je n'ai jamais vu un tel dynamisme. Des milliers de personnes travaillent en ce moment, nous avons 35 projets en cours", explique, enthousiaste, le super-intendant spécial chargé de Pompéi, Massimo Osanna, lors d'un entretien à l'AFP.
Cet archéologue de formation a été nommé il y a deux ans, en pleine polémique sur les conditions de maintenance de l'immense site où s'enchaînaient glissements de terrain, effondrements, petits larcins et vaste pillage mafieux.
Il gère aujourd'hui une enveloppe de 130 millions d'euros, dont 96 millions de fonds européens, pour la conservation et la rénovation de Pompéi.
Ce "Grand Projet" Pompéi a le soutien du gouvernement: "nous aurons les ressources, nous allons continuer à travailler", assure-t-il, alors que l'Unesco, qui avait un temps menacé de retirer Pompéi de sa liste du patrimoine mondial de l'humanité en raison de l'état de délabrement du site, a reconnu en mars un réel changement de cap.
L'ancienne ville romaine, figée dans le temps par les cendres du Vésuve le 24 août 79, est le deuxième site touristique du pays derrière le Colisée de Rome, avec 2,7 millions de visiteurs en 2014.
Elle est devenue une métaphore de l'Italie: belle par son immense patrimoine artistique, mais impossible tant il est difficile de maintenir et de valoriser ce patrimoine.
- 'Le vent a tourné' -
"Le vent a tourné à Pompéi et les résultats sont là", a assuré cette semaine le ministre italien de la Culture, Dario Franceschini, lors de l'inauguration, après sept ans de restauration, du "grand gymnase", où les jeunes citoyens de la ville venaient faire du sport avant l'éruption volcanique.
Et si le site a récemment fait la Une des médias internationaux en raison de mouvements syndicaux qui ont perturbé les visites à plusieurs reprises ces derniers mois, le climat n'est pas si dramatique.
"Nous avons été instrumentalisés", regrette, sous le couvert de l'anonymat, l'un des 120 employés du site. Sur place, c'est surtout le fourmillement des chantiers qui frappe.
"Ici, nous sommes tous spécialisés dans un domaine: la pierre, le plâtre, les fresques, les mosaïques", explique la restauratrice Paola Zoroaster, qui travaille à deux pas de l'Agora, la spectaculaire place centrale.
"Nous avons été sélectionnés sur concours et nous travaillons pour des périodes de six mois. Les conditions sont bonnes, parce qu'avant les travaux de restauration, la zone a été renforcée pour assurer la sécurité", ajoute-t-elle.
Le renouveau est également illustré par l'ouverture d'une exposition étonnante où est visible une vingtaine des premiers moulages restaurés de victimes carbonisées par le nuage de gaz à 300 degrés craché par le volcan.
Sous une pyramide moderne en bois construite dans l'amphithéâtre, l'empreinte de ces hommes, femmes et même deux enfants, figés dans l'instant de leur mort, reste le témoignage le plus tangible du drame et de l'histoire.
Depuis cette semaine et jusqu'à la fin septembre, Pompéi propose aussi des visites nocturnes, accompagnées de lectures, vidéos et conférences, pour élargir le champ d'expériences et de compréhension du site.
"Pompéi est un lieu très complexe, pas seulement pour ce qui concerne les questions de conservation mais aussi pour le contexte dans lequel il se trouve", reconnaît M. Osanna en évoquant l'économie de la région de Naples, frappée comme une grande partie du sud de l'Italie par un "sous-développement chronique".
"Il existe un plan stratégique, mais il nécessite la collaboration des responsables de toutes les collectivités locales", explique-t-il, en réclamant à nouveau une desserte directe du site en train depuis Naples.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.