Au moins 36 personnes sont mortes et des centaines ont été blessées dans des attentats survenus en l'espace de 24 heures à Kaboul, première vague d'attaques dans la capitale afghane depuis la nomination du successeur du mollah Omar à la tête des talibans.
Les rebelles talibans n'ont pas revendiqué une première attaque, qui a tué 15 personnes dans une zone résidentielle dans la nuit de jeudi à vendredi, mais ils se sont attribué la responsabilité de la seconde, où 20 cadets de la police afghane ont péri vendredi en début de soirée.
Quelques heures plus tard, les insurgés ont lancé une attaque contre Camp Integrity, une base proche de l'aéroport de Kaboul où sont stationnées des forces spéciales américaines. Un soldat de l'Otan, dont la nationalité n'a pas été précisée, est mort dans l'offensive, selon le colonel Brian Tribus, porte-parole de "Soutien résolu", la mission de l'Alliance atlantique en Afghanistan.
Il s'agit de la première grande vague de violences à ensanglanter Kaboul depuis la nomination du mollah Mansour à la tête des talibans, en remplacement du défunt mollah Omar, le leader historique des insurgés islamistes dont la mort a été annoncée la semaine dernière.
Un attentat suicide s'est produit en début de soirée vendredi devant l'entrée d'une académie de police de Kaboul, alors que les cadets rentraient de week-end. Un kamikaze s'est fait exploser "au milieu d'un groupe de cadets", a déclaré le chef de la police de Kaboul, Abdul Rahman Rahimi. Une source sécuritaire a expliqué à l'AFP qu'il s'était fondu dans la masse grâce à l'uniforme qu'il portait.
Trois sources au sein de la police et des services de renseignement, qui ont requis l'anonymat, ont avancé un bilan d'au moins 20 morts.
Moins de 24 heures avant cette attaque, un attentat au camion piégé a dévasté un quartier résidentiel du centre de Kaboul, tuant au moins 15 personnes et en blessant plus de 240, selon Sayed Zafar Hashemi, un porte-parole du président Ashraf Ghani.
Mais d'après les enquêteurs, la cible pourrait avoir été un bâtiment militaire proche du lieu de l'explosion.
Des Afghans appelaient leurs compatriotes à donner leur sang pour soulager des hôpitaux débordés à la suite de cette attaque vivement condamnée par Ashraf Ghani qui a rendu visite à des blessés dans un hôpital.
"En perpétrant un attentat suicide dans un quartier d'habitation, les ennemis du peuple afghan ne récoltent que la honte", a-t-il déclaré.
- 'Démonstration de force' -
Interrogé par l'AFP, Zabihullah Mujahid, porte-parole des rebelles talibans a dit ne pas être "au courant" de cette attaque, mais elle pourrait porter leur marque.
Les insurgés ne revendiquent généralement pas les attentats faisant des victimes civiles, même s'ils sont responsables de la plus grande partie des violences contre ces derniers, selon un rapport de la mission de l'ONU en Afghanistan (Unama) publié cette semaine.
Dans la première moitié de l'année, qui a été marquée par la fin de la mission de combat de l'Otan, les violences contre les civils ont atteint un record avec 1.592 morts et 3.329 blessés, a relevé l'Unama.
C'est sans compter les victimes au sein de la police et de l'armée afghanes, qui doivent contenir seules une insurrection s'étendant désormais à la quasi-totalité de l'Afghanistan.
"Cette nouvelle vague d'attentats est une tactique utilisée par la nouvelle direction des talibans pour montrer qu'ils sont toujours opérationnels", a jugé Abdul Hadi Khaled, un expert Afghan en sécurité. "C'est une démonstration de force".
Car une frange de la rébellion islamiste refuse de faire allégeance au nouveau chef, le mollah Mansour, l'accusant d'avoir été couronné au terme d'un processus de désignation expéditif et d'avoir menti pendant deux ans sur l'état de santé du mollah Omar, qui s'est éteint en avril 2013 au Pakistan, selon les services secrets afghans.
En outre, une partie des talibans ne veut pas entendre parler des pourparlers de paix entamés il y a un mois avec le gouvernement afghan.
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