Un attentat au camion piégé perpétré le centre de Kaboul a fait au moins 15 morts et plus de 200 blessés vendredi, première attaque d?envergure dans la capitale afghane depuis la nomination du successeur du mollah Omar à la tête des talibans.
L'explosion a détruit de nombreux immeubles d'habitation ainsi qu'un marché et creusé un énorme cratère d'environ dix mètres de profondeur non loin d'un bâtiment de l'armée, dans le quartier de Shah Shaheed, dans l'est de de Kaboul, selon des journalistes de l'AFP sur place.
Le bilan de l'attaque est passé dans la journée de vendredi de huit à 15 morts et plus de 240 blessés, "dont 47 femmes et 33 enfants", selon Sayed Zafar Hashemi, un porte-parole du président afghan Ashraf Ghani, qui s'est lui-même rendu au chevet de blessés dans un hôpital géré par l'ONG italienne Emergency.
"Les auteurs de cette attaque avaient l'intention de commettre un massacre", a déploré le général Abdul Rahman Rahimi, chef de la police de Kaboul.
"Tout mon corps était en sang. L'explosion a été très forte, elle a eu lieu juste en face de chez nous", a raconté à l'AFP Habibullah, un rescapé, de son lit d'hôpital.
Des Afghans appelaient vendredi leurs compatriotes à donner leur sang pour soulager des hôpitaux débordés à la suite de cette attaque vivement condamnée par M. Ghani.
"En perpétrant un attentat-suicide dans un quartier d'habitation, les ennemis du peuple afghan ne récoltent que la honte", a-t-il déclaré, tandiss que les enquêteurs de la police estimaient que le bâtiment militaire situé à proximité du lieu de l'attaque était en fait la cible des assaillants.
Interrogé par l'AFP, Zabihullah Mojahid, porte-parole des rebelles talibans a dit ne pas être "au courant" de cette attaque, mais elle pourrait porter leur marque. Les talibans avaient tué neuf personnes jeudi au cours d'une série d'attaques dans le pays.
Les insurgés ne revendiquent généralement pas les attentats faisant des victimes civiles, même s'ils sont responsables de la plus grande partie des violences contre ces derniers, selon un rapport de la mission de l'ONU en Afghanistan (Unama) publié cette semaine.
Dans la première moitié de l'année, qui a été marquée par la fin de la mission de combat de l'Otan, les violences contre les civils ont atteint un record avec 1.592 morts et 3.329 blessés, a relevé l'Unama.
C'est sans compter les victimes au sein de la police et de l'armée afghanes, qui doivent contenir seules une insurrection s'étendant désormais à la quasi-totalité de l'Afghanistan, et non plus au seul sud de ce pays.
- Divisions au sein des talibans -
Les violences à Kaboul, Kandahar et dans le Logar constituent la première vague d'attaques d'envergure depuis la désignation du mollah Akhtar Mansour à la tête des talibans la semaine dernière, en remplacement de leur chef historique, le mollah Omar.
"Cette nouvelle vague d'attentats montre que le mollah Mansour n'est pas mieux que le mollah Omar", a jugé l'analyste militaire Mirza Mohammad Yarmand. "Le gouvernement afghan devrait essayer de tirer profit des divisions au sein des talibans".
Car une frange de la rébellion islamiste refuse de faire allégeance au nouveau chef, l'accusant d'avoir été couronné au terme d'un processus de désignation expéditif et d'avoir menti pendant deux ans sur l'état de santé du mollah Omar, qui s'est éteint en avril 2013 au Pakistan, selon les services secrets afghans.
Preuve de ces discordes : lundi, Tayeb Agha, chef du bureau politique des talibans établi au Qatar pour faciliter un éventuel dialogue de paix avec Kaboul, a démissionné. Et jeudi, deux autres responsables de ce même bureau politique, Aziz Rehman et Mawlawi Nek Mohammad, lui ont emboîté le pas.
Les négociations de paix avec le gouvernement afghan sont le dossier brûlant dont hérite le mollah Mansour. Après un premier cycle de pourparlers organisé début juillet au Pakistan, une deuxième rencontre entre les deux parties devait avoir lieu la semaine dernière, mais elle a été reportée sine die après l'annonce de la mort du mollah Omar.
Aucune date n'a encore été fixée pour la reprise de ce dialogue qui demeure la "seule option crédible" afin de stabiliser la région, a plaidé cette semaine le chef de l'armée pakistanaise, le général Raheel Sharif.
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