La dernière otage française, Isabelle Prime, retenue au Yémen depuis le 24 février et libérée notamment grâce à la médiation du sultanat d'Oman, sera accueillie vendredi soir à son retour en France par le président François Hollande.
Laurent Fabius a affirmé sur Europe 1 qu'Isabelle Prime allait "bien, très bien même", soulignant "son égalité d'âme" et "sa force après toutes les épreuves qu'elle a traversé". "Les ravisseurs étaient des gens très durs" a ajouté M. Fabius.
"Notre compatriote Isabelle Prime a été libérée cette nuit", avait annoncé plus tôt l'Elysée. Agée de 30 ans et originaire de l'ouest de la France, la jeune femme est "actuellement sous la protection des services français.
L'ex-otage est arrivée vendredi à l'aube à Oman, d'où elle doit repartir pour la France, selon l'agence officielle omanaise ONA. Elle a été "retrouvée au Yémen" grâce à des recherches menées par les autorités omanaises en coordination avec "certaines parties yéménites", a ajouté l'agence, citant un porte-parole du ministère des Affaires étrangères à Mascate.
"Les Omanais nous ont énormément aidé", a précisé Laurent Fabius vendredi matin sur BFM TV. "J'avais encore ce matin le numéro deux de nos services qui m'a dit qu'ils avaient travaillé avec les Omanais comme avec des frères", a salué le ministre.
Se réjouissant de ce "dénouement heureux", l'Elysée a souligné que le président François Hollande exprimait "toute sa gratitude à tous ceux qui ont ?uvré à cette solution, et notamment au Sultan Qaboos Ibn Saïd, sultan d?Oman". Un sentiment partagé par le Premier ministre: "Je me réjouis de ce retour et félicite ceux qui ont ?uvré à sa libération", a réagi Manuel Valls vendredi matin dans un tweet.
La dernière libération d'un otage français remonte à celle de Serge Lazarevic en décembre 2014, alors que le quinquagénaire franco-serbe était détenu depuis trois ans par le groupe Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) dans le nord du Mali. Il était alors présenté comme le dernier otage français.
Isabelle Prime, arrivée en 2013 au Yémen, travaillait pour la société Ayala Consulting, dont le siège social se trouve en Floride (Etats-Unis), spécialisée dans la conception de programmes de protection sociale.
- 'Dans le plus grand secret' -
Francisco Ayala, président de la société, a précisé jeudi soir à l'AFP qu'il avait appris la libération de son employée via un coup de téléphone du ministère français des Affaires étrangères. "Toute l'affaire a été menée dans le plus grand secret", a-t-il affirmé. "Le gouvernement français ne nous a rien dit ni à moi ou ni même à son père" concernant les efforts visant à obtenir sa libération.
Son interprète yéménite Chérine Makkaoui et elle-même avaient été enlevées le 24 février à Sanaa par des hommes déguisés en policiers alors qu'elles se rendaient en voiture à leur travail. Chérine Makkaoui avait déclaré avoir été libérée le 10 mars à Aden (sud du Yémen).
Une vidéo de la Française avait été mise en ligne sur YouTube début juin. Dans ce document de 21 secondes, la jeune femme, vêtue de noir et assise à même le sol, s'adressait aux présidents français François Hollande et yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi pour leur demander d'agir en vue de sa libération. Aucune information n'a filtré depuis sur l'identité des ravisseurs.
Les prises d'otages sont fréquentes au Yémen, mais presque tous sont libérés sains et saufs, la plupart du temps en échange de rançons. Cette fois, la détention de la Française s'est déroulée avec en toile de fond un conflit meurtrier qui a plongé le Yémen dans le chaos.
Les rebelles Houthis, issus de la minorité chiite zaïdite et aidés par les unités de l'armée restées fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh, ont lancé l'an dernier une offensive qui leur a permis de prendre le contrôle de la capitale Sanaa et de vastes secteurs du pays.
L'Arabie saoudite a pris le 26 mars la tête d'une coalition arabe qui mène depuis une campagne aérienne en soutien au président Hadi, exilé en Arabie saoudite, face aux rebelles, appuyés par l'Iran. Le conflit a fait près de 4.000 morts et contraint quelque 100.000 personnes à quitter le pays, selon le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR).
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