Un puissant attentat au camion piégé perpétré dans un quartier résidentiel de Kaboul a fait au moins huit morts et plus d'une centaine de blessés vendredi matin, première attaque d?envergure dans la capitale afghane depuis la nomination du successeur du mollah Omar à la tête des talibans.
L'explosion, survenue vers 01H00 du matin (20H30 GMT jeudi), a soufflé de nombreuses résidences, détruit un marché de fruits et creusé un énorme cratère d'environ dix mètres de profondeur dans le quartier résidentiel de Shah Shaheed, situé dans l'est de la capitale afghane, selon des journalistes de l'AFP sur place.
"Nous dénombrons huit morts et 128 blessés dans cette attaque. Mais ce bilan pourrait encore changer", a déclaré à l'AFP le chef de la police de Kaboul, le général Abdul Rahman Rahimi.
"De nombreux enfants et femmes ont été tués et blessés. Des ouvriers travaillant dans une usine de marbre font aussi partie des victimes. Les auteurs de cette attaque avaient l'intention de commettre un massacre", a-t-il ajouté, alors que des Afghans appelaient leurs compatriotes à donner leur sang pour soulager des hôpitaux débordés.
Cet attentat n'a pas été revendiqué, mais il pourrait porter la marque des talibans qui avaient tué neuf personnes dans la journée de jeudi lors d'une série d'attaques à Kandahar, le berceau méridional de leur insurrection, et dans la province de Logar, juste au sud de Kaboul.
Les insurgés ne revendiquent généralement pas les attentats faisant des victimes civiles, même s'ils sont responsables de la vaste majorité des violences contre ces derniers, selon un rapport de la mission de l'ONU en Afghanistan (Unama) publié cette semaine.
Dans la première moitié de l'année, marquant la fin de la mission de combat de l'Otan, les violences contre les civils ont atteint un record avec 1.592 morts et 3.329 blessés selon l'Unama.
Et c'est sans compter les victimes au sein de la police et de l'armée afghanes, qui doivent contenir seules une insurrection qui s'étend désormais à la quasi-totalité de l'Afghanistan, et non plus au seul sud du pays.
- Pourparlers de paix? -
Les violences à Kaboul, Kandahar et du Logar constituent la première vague d'attaques d'envergure au pays depuis la désignation du mollah Akhtar Mansour à la tête des talibans la semaine dernière, en remplacement de leur défunt chef historique, le mollah Omar.
Ces attaques montrent l'ardeur des talibans, malgré les conflits qui les traversent depuis cette succession, la première dans l'histoire du mouvement.
Une frange de la rébellion islamiste, menée par le fils aîné du mollah Omar, Yacoub, refuse de faire allégeance au nouveau chef, l'accusant d'avoir été couronné au terme d'un processus de désignation expéditif et d'avoir menti pendant deux ans sur l'état de santé de son père, qui s'est éteint en avril 2013 au Pakistan selon les services secrets afghans.
Preuve de ces discordes: lundi, Tayeb Agha, chef du bureau politique des talibans établi au Qatar pour faciliter un éventuel dialogue de paix avec Kaboul, a démissionné. Et jeudi, deux autres responsables de ce même bureau politique, Aziz Rehman et Mawlawi Nek Mohammad, lui ont emboîté le pas.
Les négociations de paix avec le gouvernement afghan sont le dossier brûlant dont hérite le mollah Mansour. Après un premier round organisé début juillet au Pakistan, une deuxième rencontre entre les deux parties devait avoir lieu la semaine dernière, mais elle a été reportée sine die après l'annonce de la mort du mollah Omar.
Aucune date n'a encore été fixée pour la reprise de ce dialogue qui demeure la "seule option crédible" afin de stabiliser la région, a plaidé cette semaine le chef de l'armée pakistanaise, le général Raheel Sharif.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousA lire aussi
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.