Plus de 360 rescapés sont arrivés jeudi à Palerme, en Sicile (sud de l'Italie), alors que les recherches se poursuivaient au large de la Libye après le naufrage dans lequel 200 migrants ont disparu mercredi.
Sur les lieux de la tragédie, à 15 milles au nord de Zouara, dans l'ouest de la Libye, les équipes de recherches continuaient à sonder les flots pour tenter de retrouver d'éventuels survivants -- compte tenu de la température clémente de l'eau -- ou des corps, ont expliqué les gardes-côtes italiens.
Parallèlement, de nouvelles opérations de secours ont eu lieu jeudi matin. Plus de 600 migrants en détresse sur trois embarcations différentes ont été secourues dans la matinée, et d'autres opérations étaient en cours dans l'après-midi.
Le navire militaire irlandais "Niamh", qui a récupéré la quasi-totalité des survivants du naufrage de mercredi, ainsi que les 25 corps repêchés après le drame, est entré peu avant 14H00 GMT dans le port de Palerme, selon une journaliste de l'AFP.
Sur un quai excentré du port, plusieurs organisations humanitaires avaient monté des petites tentes à l'ombre d'une immense grue, avec des réserves d'eau fraiche, de paniers-repas et de couches, en vue du premier accueil et du contrôle sanitaire.
Les enfants et les familles sont descendus en premier, suivis des hommes, en général très jeunes et apparemment originaires d'Afrique sub-saharienne, du Moyen-Orient et du sous-continent indien. Puis un à un, des fourgons mortuaires sont venus recevoir les 25 cercueils de bois clair.
Le second du "Niamh", Daniel Wall, a évoqué une opération "dure et intense", tandis que son commandant Ken Minihame s'est déclaré "bouleversé" d'avoir vu "une mère et un père pleurer leur jeune enfant. Notre personnel a essayé de le réanimer mais malheureusement, nous n'avons rien pu faire".
Les survivants devaient partir dans les prochaines heures en bus vers des centres d'accueil dans la région de Naples et dans le nord du pays, a expliqué à l'AFP Francesca Canizzo, préfète de Palerme. Mais "les parents et proches des victimes seront hébergés par la Caritas. Quant aux corps, ils resteront à Palerme", a-t-elle ajouté.
Mercredi à la mi-journée, le "Niamh" a été le premier bateau arrivé devant le bateau de pêche parti de Libye avec 600 à 700 personnes à bord. Il a mis à l'eau deux canots pour s'approcher du bateau surchargé, qui s'est alors retourné, probablement sous l'effet d'un mouvement de foule.
- 'Une vision horrible' -
Arrivée sur les lieux environ une demi-heure plus tard, alors que le bateau avait déjà complètement coulé, l'équipe du "Dignity 1" de MSF a évoqué "une vision horrible".
"Des gens s'agrippaient désespérément à des gilets de sauvetages, à des bateaux, à tout ce qu'ils pouvaient trouver pour lutter pour leur vie, au milieu de personnes en train de couler et de ceux qui étaient déjà morts", a raconté Juan Matias, coordinateur de projet sur le "Dignity 1", selon un communiqué.
Une vaste opération de secours, impliquant sept navires et des hélicoptères qui ont largué des gilets et des radeaux gonflables a permis de secourir plus de 370 personnes, alors que la plupart des migrants ne savent pas nager.
Malgré un important renforcement de l'opération Triton de l'agence européenne de protection des frontières Frontex, désormais portée au niveau de l'ancienne opération italienne Mare Nostrum, chaque voyage reste périlleux.
D'autant que le déblocage des moyens financiers ne suffit pas, a rappelé Gil Arias, N.2 de Frontex: "Nous avons l'argent nécessaire mais nous n'obtenons pas (des états membres) les navires, les avions et les gardes-frontières dans lesquels investir l'argent", a-t-il dit au quotidien espagnol El Mundo.
A Bruxelles, la Commission européenne a appelé les dirigeants européens à passer à l'action. "Ce dont nous avons besoin maintenant, c'est du courage collectif de passer des déclarations aux actions concrètes, sinon les mots sonneront dans le vide", a averti l'exécutif bruxellois dans une déclaration commune.
Le Premier ministre français Manuel Valls s'est dit sur Twitter "déterminé à trouver des solutions collectives pour relever cet immense défi".
Selon un dernier bilan jeudi du Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), publié jeudi mais ne tenant pas encore compte des éléments de mercredi, quelque 224.000 migrants sont arrivés en Europe par la Méditerranée depuis janvier -- 98.000 en Italie et 124.000 en Grèce -- et plus de 2.100 autres ont trouvé la mort en tentant la traversée.
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