Le fragment d'aile retrouvé sur une plage de l'île de La Réunion provient bien du Boeing 777 de Malaysia Airlines qui assurait le vol MH370 et a mystérieusement disparu au-dessus de l'océan Indien en mars 2014 avec 239 personnes à son bord, a annoncé jeudi le Premier ministre malaisien.
Quelques heures d'analyses ont suffi aux experts réunis dans un laboratoire militaire près de Toulouse (sud-ouest de la France) pour confirmer que le flaperon charrié par la mer a dérivé sur plusieurs milliers de kilomètres à partir de l'endroit de l'océan Indien où l'avion s'est abîmé, a affirmé Najib Razak au milieu de la nuit à Kuala Lumpur.
"Aujourd'hui, 515 jours après la disparition de l'avion, c'est le coeur lourd que je dois vous annoncer qu'une équipe internationale d'experts a conclu que le débris trouvé sur l'île de La Réunion provient effectivement (du Boeing) du vol MH370", a-t-il lâché.
"Nous avons maintenant la preuve physique que, comme je l'ai annoncé le 24 mars l'année dernière, le vol MH370 s'est terminé de manière tragique dans le sud de l'océan Indien", a ajouté le chef du gouvernement.
"C'est une avancée majeure", a de son côté réagi Malaysia Airlines.
Plus prudente, la justice française a préféré parler de "très fortes présomptions".
La pièce "provient bien d'un Boeing 777, en raison de ses caractéristiques techniques" et la "documentation technique" communiquée par les représentants de la compagnie aérienne a permis d'effectuer "un rapprochement entre la pièce examinée par l'expert et le flaperon du Boeing 777 du vol MH 370 au regard de leurs caractéristiques techniques communes", a précisé Serge Mackowiak, procureur de la République adjoint de Paris, devant la presse.
La provenance de ce volet d'avion appelé flaperon faisait peu de doutes : les autorités malaisiennes avaient affirmé dès dimanche qu'il s'agissait d'une pièce de Boeing 777.
Or, depuis la mise en service du modèle en 1995, seuls deux autres Boeing 777 ont été impliqués dans des accidents mortels, tous deux intervenus loin de l'océan Indien.
- 'Récupérer les boîtes noires' -
L'annonce de cette percée dans l'enquête n'a pas suffi à apaiser certaines familles de victimes du vol MH370, qui exigent depuis 16 mois de savoir ce qu'il est advenu de leurs proches.
"Maintenant, je veux savoir où est la carlingue de l'avion pour que nous puissions en extraire les passagers et obtenir la boîte noire de manière à savoir ce qui s'est passé. Seul cela, pour nous, mettra un point final" à cette affaire, a déclaré Jacquita Gonzales dont le mari était un des membres de l'équipage.
"Je ne suis toujours pas satisfait. Il reste tant de questions sans réponses, tant d'espaces vides dans le puzzle", a,quant à lui, dit Lee Khim Fatt, dont l'épouse était aussi un membre de l'équipage.
"Jusqu'à aujourd'hui, nous n'avons pas de réponses. Ne me montrez pas seulement un flaperon. Montrez m'en plus. Répondez aux questions", s'est-il exclamé devant la presse
Après avoir démontré ce lien quasi-certain avec le vol MH370, l'expertise entamée mercredi après-midi dans le laboratoire militaire de la Direction générale de l'Armement (DGA) à Balma, près de Toulouse, à laquelle participent des experts français du Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA) et leurs homologues malaisiens, va se poursuivre.
Des analyses complémentaires débuteront dès demain jeudi matin, a poursuivi le représentant de la justice française.
Il a souligné ne pouvoir donner de délai pour la réalisation de ces nouvelles expertises, mais assuré que les experts faisaient leur travail "dans les meilleurs délais afin de pouvoir apporter une information complète et fiable le plus rapidement possible aux familles des victimes".
Reste notamment à rechercher des indices sur les causes de l'accident. L'avion a-t-il été détruit en vol ou s'est-il désintégré en percutant la surface de l'océan ?
"Rien ne dit, en tout cas, vu la taille modeste de la pièce (environ deux mètres carrés) qu'à l'issue de cette expertise, on saura ce qu'il s'est passé", a noté une source proche du dossier.
D'après certains chercheurs, l'espèce et l'âge des crustacés accrochés sur le volet ainsi que sur les restes d'une valise découverts sur la même plage que le morceau d'aile pourraient toutefois permettre de déterminer combien de temps la pièce d'avion a séjourné dans l'eau, la température de cette eau, par où elle a cheminé. Ce qui livrerait des indices sur une zone où relancer les recherches d'éventuels autres débris.
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