Experts et enquêteurs ont commencé à analyser mercredi près de Toulouse le fragment d'aile d'avion retrouvé à La Réunion afin d'identifier son origine et sa vraisemblable appartenance au vol MH370 de la Malaysia Airlines, mystérieusement disparu au-dessus de l'océan Indien en mars 2014.
L'expertise a débuté à 15H00, selon une source judiciaire. Peu auparavant, une vingtaine de personnes dont des experts français du Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA) et plusieurs de leurs homologues malaisiens, portant des gilets vert fluo, étaient arrivées sur le site du laboratoire militaire de Balma, où se déroulent les analyses. Ces experts ont quitté les lieux vers 18H45 sans faire de commentaire, a constaté un journaliste de l'AFP.
A l'issue de cette première journée d'expertise, le parquet de Paris a annoncé qu'il tiendrait une conférence de presse à 20H00.
L'analyse complète de la pièce découverte sur une plage de La Réunion, dans l'océan Indien, mercredi dernier, devrait "prendre au moins plusieurs jours", selon une source proche du dossier.
Elle doit se dérouler en trois temps. D'abord confirmer que le flaperon (volet d'aile d'avion) provient bien d'un Boeing 777, le type d'appareil de la Malaysia Airlines qui reliait Kuala Lumpur à Pékin le 8 mars 2014 avec 239 personnes à bord, comme l'assurent les autorités malaisiennes depuis plusieurs jours.
Pour cela, les enquêteurs vont recouper leurs observations avec le numéro de série, les plans demandés au constructeur, les matériaux utilisés, les procédés de fabrication
Depuis le lancement du modèle en 1995, seuls deux autres Boeing 777 ont été impliqués dans des accidents mortels, tous deux intervenus loin de l'océan Indien : celui d'un vol Asiana Airlines qui avait heurté une digue à l'atterrissage à San Francisco le 6 juillet 2013, causant la mort de trois adolescentes chinoises, et celui du vol Malaysia Airlines MH17 reliant Amsterdam à Kuala Lumpur et abattu en vol dans l'est de l'Ukraine le 17 juillet 2014 avec 298 personnes à bord.
Puis, il s'agira de savoir si la pièce provient bien du vol MH370. L'analyse notamment de traces de peinture et d'éventuelles inscriptions devrait éclairer les experts sur ce point.
"On a la quasi-certitude qu'il s'agit du vol MH370 mais on recherche des preuves juridiques", souligne le spécialiste de la sécurité aérienne, Xavier Tytelman.
"Chaque compagnie aérienne peint ses avions d'une certaine façon et on doit pouvoir identifier que c'est bien une peinture provenant de Malaysia Airlines", explique de son côté Jean-Paul Troadec, ancien directeur du BEA.
- "Rien ne dit qu'on saura" -
Le vice-Premier ministre australien, Warren Truss, dont le pays coordonne l'enquête internationale, a indiqué que les autorités malaisiennes et françaises "pourraient être en mesure de faire une déclaration officielle sur la provenance de ce flaperon dans la semaine".
Enfin, dans un troisième temps, les experts chercheront des indices sur l'origine de l'accident. L'avion a-t-il été détruit en vol ou s'est-il désintégré en percutant la surface de l'océan ?
"Rien ne dit, en tous les cas, vu la taille modeste de la pièce (environ 2 mètres carrés) qu'à l'issue de cette expertise, on saura ce qu'il s'est passé", selon la source proche du dossier.
L'étude des crustacés qui se sont accrochés sur le volet, ainsi que sur les restes d'une valise découverts sur la même plage que le morceau d'aile devrait, elle, peu servir à l'identification du vol.
D'après certains chercheurs, l'espèce et l'âge de ces crustacés pourraient toutefois permettre de déterminer combien de temps la pièce d'avion a séjourné dans l'eau, la température de cette eau, par où elle a cheminé. Ce qui livrerait des indices sur une zone où relancer les recherches d'éventuels autres débris.
Parallèlement, l'expertise de restes de la valise a également débuté mercredi dans un laboratoire de la gendarmerie en région parisienne.
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