André-Pierre Gignac espère brandir mercredi la Copa Libertadores, la plus prestigieuse compétition de clubs d'Amérique latine, mais son club mexicain, Tigres, ne sera pas favori face aux Argentins de River Plate, de retour au plus haut niveau.
Après un décevant 0-0 à Monterrey (Mexique), Gignac et ses coéquipiers joueront dans un stade Monumental en effervescence. River a enlevé en 2014 la Copa Sudamericana (équivalent de l'Europa League), la Supercoupe en janvier et espère ajouter une 3e Copa Libertadores dans son immense vitrine de trophées.
Depuis son arrivée au Mexique, Gignac n'a pas encore démontré l'étendue de son talent. Certes, il a ouvert le score lors de la victoire en demi-finale contre l'Internacional de Porto Alegre (3-1), mais à l'aller contre River, il n'a pas su se défaire du marquage du défenseur central Jonathan Maidana.
Les Tigres de Monterrey ont fait un pont d'or (12 millions de dollars de salaire sur 3 ans) à Gignac pour l'attirer à Monterrey, une ville durement marquée ces dernières années par les règlements de compte sanglants entre narcotrafiquants. Le club est riche car il appartient au groupe Cemex, un des géants mondiaux du ciment avec LafargeHolcim, issu de la fusion récente du français Lafarge et du suisse Holcim.
Mais sur le terrain, les Tigres n'ont glané que 3 titres nationaux depuis leur création en 1960.
River Plate connait une fortune contraire. Le club n'a plus la capacité financière d'antan pour attirer des joueurs renommés, mais l'entraîneur Marcelo Gallardo a signé de jolis coups en juillet en rapatriant les milieux de terrain Lucho Gonzalez (Porto, OM) et Javier Saviola (Barcelone, Benfica), 34 et 33 ans.
Au rayon des trophées, River affiche notamment 36 titres de champion, 1 Coupe intercontinentale (1986), 2 Copas Libertadores (1986, 1996) et une Copa Sudamericana (2014). "Cette coupe, on ne peut pas la laisser échapper", a prévenu Gallardo.
- Les vices -
L'entraîneur brésilien de Tigres Ricardo Ferretti juge que les deux équipes sont sur un pied d'égalité. "La pièce de monnaie est en l'air, dit-il, on verra de quel côté elle tombe. J'ai des joueurs qui ont les qualités nécessaires (pour gagner)".
"Ils se voient déjà champions, on va leur rendre la vie impossible", menace le milieu uruguayen de Monterrey, Egidio Arevalo Rios.
Pour sa formation, le défi est grand: jamais un club mexicain n'a gagné la Copa Libertadores, où les clubs mexicains sont invités.
Un grand Gignac pourrait changer la donne? "Ne vous inquiétez pas, le Français, je m'en occupe", riposte Maidana, qui espère le museler une seconde fois.
"Gignac, c'est un joueur avec des qualités énormes, mais il doit apprendre les vices du football sud-américain et ne pas se laisser déconcentrer", opine Oswaldo Piazza, ancien défenseur argentin de Saint-Etienne dans les années 1970.
"En Copa Libertadores, poursuit-il, on joue chaque match comme une finale. Les joueurs sud-américains sont prêts à mourir sur le terrain, il faut gagner à tout prix, les joueurs t'accrocher le maillot, te poussent, te mettent un doigt aux fesses, on essaie d'énerver l'adversaire, de lui faire perdre les pédales et l'arbitre ne dit rien".
Pour Piazza, les Tigres sont "une bonne équipe qui a un gros potentiel offensif avec Gignac et le Brésilien Rafael Sobis".
Tigres et River s'affrontent pour la 4e fois de la saison, car ils étaient dans le même groupe lors de la phase de groupes: trois matches nuls au compteur, mais mercredi, il y aura un vainqueur.
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