Trois adolescents de 12 à 15 ans, se revendiquant de la mouvance "gothique", ont été interpellés mardi: ils sont soupçonnés d'avoir dégradé une quarantaine de tombes chrétiennes à Labry (Meurthe-et-Moselle), des faits qui ont suscité une vague d'indignation jusqu'au sommet de l'Etat.
Ces trois mineurs - une fille de 12 ans et deux garçons de 14 et 15 ans -, qui habitent dans les environs de Labry, ont reconnu les faits, a précisé le procureur de Briey, Yves Le Clair.
Les jeunes gens sont suspectés d'avoir dégradé une quarantaine de tombes, principalement en déplaçant des crucifix et autres objets funéraires. Plusieurs crucifix ont notamment été retournés et quatre objets au total ont été brisés, selon le procureur.
Une petite inscription "666", considérée comme le "nombre du Diable" par les gothiques et autres satanistes, a également été apposée sur une pierre tombale, a constaté un journaliste de l'AFP.
Les suspects devraient être présentés à un juge des enfants en vue d'une mise en examen pour "violation de sépulture", un délit passible, pour les mineurs, de six mois d'emprisonnement.
La plus jeune interpellée, qui selon les enquêteurs ne serait pas entrée dans le cimetière, a été simplement entendue, tandis que les deux garçons ont été placés en garde à vue, a précisé le magistrat.
L'aîné a perdu son père il y a un an, ce qui l'a "fortement perturbé" selon le maire de ce village de 1.700 habitants, Luc Ritz, qui évoque des faits "choquants et répréhensibles".
Les faits, constatés dimanche par des familles se rendant au cimetière, puis signalés à la mairie et à la police, avaient été rendus publics lundi soir par le ministère de l'Intérieur.
"Ces actes devront être sanctionnés durement", a commenté mardi dans un tweet le Premier ministre Manuel Valls, qui a fait part de son "indignation".
- "On ne fait pas ça!" -
Plusieurs personnalités politiques, à droite notamment, ont aussi vivement condamné ces faits.
La députée européenne et ancienne ministre (Les Républicains) Nadine Morano, élue de Lorraine, s'est dite "profondément choquée" lors d'une visite sur place. "On ne peut pas se contenter de dire que c'est la bêtise humaine (). On a l'impression qu'on veut s'attaquer à nos racines chrétiennes", a-t-elle commenté.
Dans une déclaration mise en ligne sur le site du diocèse de Nancy, le curé de Labry, Gérard Cappannelli, avait évoqué dans la matinée l'hypothèse d'une "affaire de potaches" et souligné qu'il conviendrait dans ce cas de faire comprendre aux auteurs des faits qu'on "respecte un cimetière comme on se respecte soi-même".
Avant l'annonce des interpellations, plusieurs dizaines d'habitants du village s'étaient rendus au cimetière pour vérifier si les sépultures de leurs proches étaient concernées.
"On a su ça hier soir, on était un peu abasourdis Je ne sais pas qualifier ça, on ne fait pas ça!", s'exclamait Alain, un riverain qui n'est toutefois pas directement touché puisque les tombes de ses parents et grands-parents n'ont pas été dégradées.
Selon le ministère de l'Intérieur, "il s'agit de la cinquième profanation de cimetière dans le département depuis le début de l'année".
Interrogée par l'AFP, la préfecture a toutefois précisé que les quatre épisodes précédents évoqués par le ministère - qui n'ont pas été relatés par la presse locale, ou très peu - étaient des "phénomènes de moindre ampleur que ce qui s'est passé à Labry".
Ces dégradations ont également été condamnées par les représentants du monde musulman. "Je voudrais dire mon indignation et ma colère contre ceux qui ne laissent même pas les morts reposer en paix", a commenté Abdallah Zekri, président de l'Observatoire national contre l'islamophobie et vice-président du Conseil français du culte musulman.
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