Onze soldats maliens ont été tués lundi dans une attaque contre leur camp dans la région de Tombouctou, dans le nord du Mali où des jihadistes demeurent actifs en dépit de la présence de forces militaires nationales et étrangères.
Cette attaque est la deuxième plus meurtrière en un mois, après celle ayant visé le 2 juillet un contingent burkinabè de la Mission de l'ONU au Mali (Minusma) au sud-ouest de la ville de Tombouctou, faisant six tués dans leur rang. L'opération avait alors été revendiquée par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
Tôt lundi matin, "des hommes armés non identifiés ont attaqué le poste de sécurité de la Garde nationale du Mali (composante de l'armée) de Gourma-Rharous", à environ 140 km à l'est de Tombouctou, indique le gouvernement malien dans un communiqué.
"Le bilan est de onze gardes tués, un blessé", affirme-t-il, en condamnant un "acte terroriste, lâche et barbare perpétré par des individus sans foi ni loi".
Deux sources militaires jointes par l'AFP auparavant à Gao, la plus grande ville du Nord, ainsi qu'à Bamako, la capitale, avaient fait état de dix morts dans les rangs de l'armée à Gourma-Rharous, en qualifiant les assaillants de "terroristes" et "jihadistes".
Les assaillants "sont des éléments jihadistes liés à Ansar Dine notamment", avait dit l'une d'elles, ajoutant que des renforts avaient été dépêchés sur les lieux.
Un habitant de Gourma-Rharous avait évoqué à l'AFP "dix morts et deux blessés légers" dans les rangs de l'armée lors de cette attaque qui, a-t-il précisé, "n'a pas duré".
"On était terrés chez nous, on a commencé à sortir de nos maisons après 07H00 (locales et GMT). On a peur", a-t-il témoigné sous couvert d'anonymat.
Un résident de Tombouctou avait de son côté dit à l'AFP avoir joint des habitants de Gourma-Rharous, qui ont parlé de "dix Gardes nationaux tués, un véhicule emporté et un autre brûlé" par les assaillants. Ces derniers auraient crié "Allah akbar" (Dieu est le plus grand) en pénétrant dans le camp, d'après les mêmes témoignages.
Longtemps concentrées dans le nord du Mali, les attaques jihadistes se sont étendues depuis le début de l'année vers le centre, puis à partir de juin dans le sud, près des frontières ivoirienne et burkinabè.
- Processus de paix 'irréversible' -
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda - dont Aqmi et Ansar Dine, fondé par un ex-rebelle touareg malien - après la déroute de l'armée face à la rébellion, d'abord alliée à ces groupes qui l'ont ensuite évincée.
Bien que les jihadistes en aient été dispersés et en grande partie chassés à la suite du lancement en janvier 2013, à l'initiative de la France, d'une intervention militaire internationale, des zones entières échappent encore au contrôle des autorités maliennes comme des forces étrangères.
Le 2 juillet, des Casques bleus burkinabè rentraient à leur base lorsqu'ils sont tombés dans une embuscade à moins de 50 km au sud-ouest de Tombouctou, selon la Minusma. Bilan: six morts et deux blessés dans leurs rangs, deux véhicules détruits par les assaillants.
Samedi, deux militaires maliens ont été tués et quatre blessés dans une nouvelle embuscade vers Nampala, ville-garnison dans la région de Ségou (centre) proche de la frontière mauritanienne, qui avait déjà été visée par une attaque jihadiste meurtrière en janvier.
Ces attaques illustrent la difficulté d'isoler les jihadistes des rebelles, ayant signé le 20 juin un accord de paix entériné par le camp gouvernemental le 15 mai.
Cet accord vise à instaurer une paix durable dans le nord du Mali, qui a connu une série de rébellions touareg depuis les premières années d'indépendance du pays, en 1960.
En dépit de cet engagement, "il y aura énormément de forces négatives qui vont essayer de faire dérailler le processus de paix", avait prévenu en juillet le chef de la Minusma, Mongi Hamdi, assurant que ces tentatives n'entameront pas la détermination de l'ONU à soutenir le processus de paix.
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