"Fuir la guerre, trouver la rue", le drap flotte sur la grille de l'escalier extérieur: dénonçant le manque de solutions d'hébergement, une centaine de migrants a investi un lycée désaffecté dans l'est de Paris et improvisé un centre d'accueil.
Après avoir envahi les locaux de l'association féministe Ni putes ni soumises (NPNS) pendant 24 heures, les migrants ont pris vendredi soir le chemin de cette annexe du lycée Jean-Quarré dans le XIXe arrondissement, qui ne sert plus que ponctuellement pour des activités extra-scolaires.
Des chaises et des tables entassées derrière la grille de la porte d'entrée, des banderoles aux fenêtres proclament "ils évacuent des camps, nous ouvrons des écoles", et sur le sol de la cour au pinceau, une inscription de toutes les couleurs "Solidarité avec les réfugiés".
Sous le préau, une cinquantaine de migrants, en majorité afghans, mais aussi érythréens, soudanais, libyens, tchadiens - tous des hommes - assis en tailleur sur les bancs écoute l'assemblée générale tenue par le comité "La Chapelle en lutte".
En français ou traduits du persan ou de l'arabe, certains demandent de "tenir le lieu" face à une éventuelle évacuation et rêvent d'en faire un nouveau centre d'accueil pour les migrants.
Sur les étagères abandonnées dans les salles de classes, des flacons de shampooing, des gants de toilette, du papier hygiénique, des boîtes de thon. Des riverains se succèdent pour apporter couvertures, bouteilles d'eau, du lait.
"J'ai demandé de quoi ils avaient besoin, explique Françoise, 46 ans qui habite l'immeuble à côté, on m'a dit +de tout+. Alors j'ai apporté des couvertures, des serviettes, des bouquins pour passer le temps."
Quelques portes de classe plus loin, des cartons ont été étalés sur le sol et font office de lits sur lesquels une dizaine d'hommes somnolent.
- Pas de proposition d'hébergement -
"Nous sommes le seul pays d'Europe à ne pas savoir recevoir les migrants. Dans les autres pays, il n'y en a pas un qui dort dehors", veut croire Hervé Ouzzane, membre du comité.
Pedro, un bénévole, dit préférer "voir des gens ici dans un lieu couvert, protégé, chauffé, que dans la rue. Il y a des rats qui passent au dessus des corps le soir quand ils dorment."
A la mairie de Paris, la réponse est ferme: hors de question de céder à la pression, "on va leur demander de partir, on réfléchit au fait de faire intervenir les forces de police".
"Ce n'est pas en envahissant un équipement public qu'on trouve de l'hébergement", explique-t-on au cabinet du maire. "C'est un mode d'action totalement inadmissible et illégal" alors que la Ville rappelle avoir créé 1.300 places pour l'hébergement des réfugiés depuis début juin.
Mercredi, un campement de 240 autres migrants, essentiellement érythréens et soudanais, avait été évacué dans le calme rue Pajol, dans le nord de Paris. Tous ont été "hébergés et accompagnés", a assuré la mairie de Paris.
Depuis début juin, les évacuations de campements de migrants se multiplient dans le nord de Paris, avec des propositions de relogement pour les clandestins, le temps d'examiner leur demande d'asile. Mais de nouveaux arrivants se réinstallent souvent dans la foulée dans les sites évacués.
De nombreux migrants, arrivés par bateau en Italie depuis la Libye, souhaitent rejoindre le Royaume-uni, et Paris constitue une étape vers la région de Calais, où plus de 3.000 migrants, essentiellement érythréens, éthiopiens, soudanais et afghans, vivent dans des bidonvilles.
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