Mécontents des mesures proposées par le gouvernement pour sauvegarder la compagnie maritime MyFerryLink, des centaines de marins de la Scop SeaFrance bloquaient vendredi les bretelles d'accès au port de Calais avec des tas de pneus en feu, entamant une nouvelle épreuve de force pour défendre leur compagnie.
Plusieurs véhicules étaient arrêtés sur la nationale 216, bloquée dans les deux sens, au niveau de la sortie portuaire où de nombreux touristes observaient l'immense fumée noire s'échappant des tas de pneus en feu déposés un peu plus tôt par quelque 300 marins.
"On va pas tarder à se faire déloger", a indiqué l'un d'eux à l'AFP alors que de nombreux policiers étaient en approche, précisant que les manifestants se dirigeraient alors en direction de Loon-Plage, près du port voisin de Dunkerque, où la compagnie danoise concurrente DFDS a installé son activité.
Ils souhaitaient "effectuer une opération escargot" en cette journée classée rouge dans le sens des départs en vacances par Bison futé.
"On ne va pas s'arrêter à un petit barbecue. Il va y avoir d'autres choses", s'amuse l'un d'eux qui refuse de dire si des actions sont prévues dans la soirée. Derrière lui, les manifestants jettent d'autres pneus dans les flammes. "J'en ai encore au moins 100!" Leur objectif: un feu continu.
Une poignée de migrants afghans du camp de la "New Jungle", situé aux abords, observent les marins brûler les pneus. "Qu'est ce qu'il veulent ?", se demande l'un d'eux.
- Une liquidation inéluctable ? -
Le secrétaire d?État chargé des Transports, Alain Vidalies, "a simplement dit qu'à Calais, seulement 380 emplois pouvaient être sauvés" sur un total de 487, a indiqué Eric Vercoutre, secrétaire général du syndicat maritime Nord, ultramajoritaire, à la sortie d'une assemblée générale tendue avec les marins qui réclament toujours que davantage d'emplois de la Scop soient sauvegardés.
"Le gouvernement n'est pas capable de nous verser un fonds d'aide alors qu'il a donné 100 millions d'euros à la SNCM", s'est plaint M. Vercoutre.
Il a souhaité que le gouvernement aide les marins à retrouver leur mise de départ dans la Scop car "chaque marin avait versé sa part de licenciement de la compagnie SeaFrance (en 2012), soit 25.000 euros".
Les marins refusent toujours de passer du giron d'Eurotunnel à celui du concurrent DFDS alors que le tribunal de commerce de Boulogne-sur-Mer doit se prononcer dans l'après-midi sur la liquidation de la Scop ou sur une éventuelle poursuite d'activité d'une durée de six mois.
Si le tribunal de commerce décidait de ne pas liquider, il pourrait se pencher sur la proposition du procureur de la République de Boulogne-sur-Mer Jean-Pierre Valensi de permettre une poursuite d'activité de six mois supplémentaires.
Une liquidation permettrait le paiement des 487 salariés, la Scop n'ayant pas la trésorerie suffisante pour le faire.
- 'Une solution pour chaque salarié' dans les 3 mois -
Jeudi, une deuxième réunion des acteurs impliqués dans le dossier MyFerryLink "n'a pu aboutir à un accord global" mais "des négociations directes entre les parties se poursuivront", avait annoncé Alain Vidalies.
Le gouvernement avait soumis la semaine dernière un texte prévoyant notamment la liquidation de la Scop SeaFrance, la création d'une nouvelle Scop exploitant un seul navire et la reprise au total de 380 salariés sur 487. Il a fixé pour objectif "d'obtenir dans un délai de 3 mois une solution pour chaque salarié".
Les dirigeants d'Eurotunnel, du groupe danois DFDS et du Syndicat maritime Nord s'étaient déjà réunis lundi et avaient émis des contre-propositions au "protocole de sortie de crise" soumis par le gouvernement.
Eurotunnel, propriétaire des trois navires affrétés jusqu'à juin dernier à MyFerryLink, "a réitéré son engagement d'une offre d'affrètement" d'un de ces bateaux, qui "sera formalisée par écrit dans les prochains jours", selon M. Vidalies.
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