Des vacances plus vertes ? ou comment les professionnels tentent de rendre leurs offres de voyages plus compatibles avec l'environnement et les préocupations liées au réchauffement climatique.
Paris-Madagascar, Tokyo-Bali, Istanbul-Téhéran en apparence, jamais voyager n'a été aussi simple. Pourtant, le bilan carbone du transport aérien est particulièrement montré du doigt.
En France, le transport touristique est responsable de 8% des émissions globales de gaz à effet de serre, dont les deux tiers sont générées par l'avion, selon le Réseau action climat (RAC). Au niveau mondial, le transport aérien représente 3% des émissions de CO2, et, en comptant les autres polluants 5% du changement climatique lié aux activités humaines.
"Si rien n'est fait pour les réduire, les émissions dues au transport aérien, dont les trois quarts sont liées au tourisme, tripleront d'ici 2050 compte tenu de l'augmentation du trafic", alerte Lorelei Limousin, responsable des politiques sur le climat et les transports au RAC.
Par philosophie ou stratégie, les premiers voyagistes à avoir réduit leur impact climatique étaient spécialisés dans le tourisme d'aventure.
Depuis 2010, le groupe Voyageurs du monde (VDM) s'est par exemple lancé dans une démarche de réduction de son empreinte carbone en compensant 100% des émissions de ses salariés et 10% de celles de ses clients grâce à des programmes de reforestation.
L'initiative représente un investissement annuel de 500.000 euros pour un résultat net de 9,3 millions d'euros en 2014. "Nous calculons l'impact des voyages en avion de chaque client, qui représentent l'essentiel des émissions", explique Lionel Habasque, directeur général délégué de VDM. Mais plutôt que de refacturer ce coût au client, le groupe dit "prendre sur ses marges" à hauteur de 5 euros pour un voyage hors Europe, contre 1 euro pour l'Europe.
- Hausse du prix du billet ? -
Le voyagiste "Bali autrement" a choisi lui de facturer à ses clients la compensation de leurs voyages. Il se limite toutefois aux vols intérieurs à l'Indonésie, ce qui représente un surcoût maximum de 13 euros. "Ce n'est pas obligatoire mais à ce jour, tous nos clients participent", constate son responsable, Jérôme Leclercq, qui se défend d'en faire un outil marketing.
De leur côté, les grands noms du tour-operating (Nouvelles Frontières, Thomas Cook etc) réunis au sein du Seto commencent tout juste à prendre des engagements. "Cela nous a pris du temps car non seulement le cadre réglementaire n'est pas contraignant, mais il n'y a pas de pression du consommateur ou de pression économique étant donné que le prix de la tonne de CO2 a dégringolé", reconnaît son secrétaire général Jürgen Bachmann. L'organisation présentera d'ici la fin de l'année un label élaboré avec l'association Agir pour un tourisme responsable qui prévoit aussi d'évaluer l'impact des voyages en CO2.
Si ces démarches de compensation séduisent certains voyageurs, rares sont ceux qui en ont fait un critère décisif. "Je n'étais pas au courant au départ mais ça m'a conforté dans mon choix de l'opérateur, avec qui je suis reparti", témoigne Vincent Boullier, qui s'est envolé en Afrique du Sud avec Comptoir des voyages.
"Il y a une vraie attente de voyages responsables", estime de son côté Nathalie Simmenauer, directrice du développement durable d'Air France. Lors du dernier salon du Bourget, le groupe Air France-KLM a d'ailleurs promis de réduire de 20% ses émissions de CO2 d'ici 2020, par rapport à 2011.
Cette réduction passe surtout par l'amélioration de l'efficacité énergétique de la flotte et "l'éco-pilotage". "Aujourd'hui notre consommation moyenne est de 3,44 litres par passager aux 100 km, soit 38% de moins qu'en 2000", précise Mme Simmenauer.
Mais pour Renaud Bettin du Geres, l'ONG qui a lancé la première plateforme de compensation carbone en France, "le développement des meilleures technologies ne suffira pas à contrebalancer la hausse exponentielle du trafic".
La seule façon de rendre les voyages "climato-compatibles" serait donc d'opter pour des modes de transport moins gourmands en CO2, ou de renchérir les prix des billets.
"Le but est de faire en sorte que les gens y réfléchissent à deux fois avant d'acheter un billet", explique Lorelei Limousin, ajoutant "si la France cessait de subventionner le transport aérien en instaurant une TVA à 20% sur les billets d'avion et en taxant le kérosène, le prix d'un billet pourrait augmenter de 25%".
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