Les professionnels du secteur de la chasse en Afrique australe tentent de limiter l'impact désastreux de la mort du lion Cecil sur leur puissante industrie, mettant en avant les emplois qu'ils génèrent et l'argent qu'ils reversent à la préservation de la nature.
"Il ne faut pas confondre les bénéfices que cette chasse rapporte aux populations locales à travers toute l'Afrique avec un délit, comme cela semble avoir le cas au Zimbabwe", où le lion Cecil a été tué début juillet, explique Hermann Meyeridricks, grand patron de la chasse professionnelle en Afrique du Sud (Phasa).
Calme et posé, il reconnaît que l'affaire est un désastre en terme d'image, en plein bras de fer avec certaines compagnies aériennes qui ne veulent plus acheminer les trophées de chasse. Mais, plaide-t-il, "c'est comme partout, il y a des brebis galeuses, et l'industrie de la chasse ne fait pas exception".
Deux Zimbabwéens, dont un chasseur professionnel honorablement connu jusque là, ont été incriminés pour la mort du lion Cecil, attraction de la grande réserve zimbabwéenne de Hwange en raison de sa crinière noire peu commune et sujet d'une recherche scientifique au long cours de l'université britannique d'Oxford.
Comment le lion a-t-il été attiré hors du parc? Le chasseur américain client des deux hommes a-t-il vraiment tué ce lion sans savoir que celui-ci faisait l'objet d'un suivi scientifique? L'enquête le dira peut-être.
- 'Bénéfices sociaux immenses' -
Mais en attendant, tout le secteur est sous les feux des critiques et montre patte blanche dans les médias.
"Les amoureux des animaux oublient un peu vite l'avantage qu'on peut tirer d'une ressource (cynégétique) bien gérée", argumente Emmanuel Fundira, président de l'association zimbabwéenne des safaris (SOAZ). "Ils ne s'en aperçoivent pas car ils se focalisent sur la valeur sentimentale de l'animal en essayant de le protéger".
Or, "on joue sur un autre terrain en Afrique parce que les bénéfices sociaux de la chasse sont immenses", dit-il.
En 2012, Phasa estimait à un milliard de dollars environ le chiffre d'affaires de la chasse en général rien que pour l'Afrique du Sud, un montant incluant délivrance des permis, transports, hôtellerie et matériel. Et chaque chasseur étranger génère 12 à 14 emplois, précisait déjà à l'époque l'association.
Au Zimbabwe, un quota annuel approuvé par la CITES (la Convention internationale sur le commerce des espèces de faune et de flore menacées d'extinction) est fixé pour fixer le nombre de lions qui peuvent être tués chaque année. Généralement pas plus de trente, selon M. Fundira.
Un chasseur doit se faire délivrer un permis, chasser uniquement de jour, sur une réserve privée ou une réserve publique autorisée, et accompagné d'un ranger local. La chasse est interdite dans les parcs nationaux comme Hwange.
L'arme la plus courante est le fusil, mais quelques initiés sont prêts à mettre plus d'argent sur la table pour chasser avec un arc. L'utilisation d'appât est autorisé mais sous certaines conditions.
D'ordinaire, la chasse d'un lion coûte de 60.000 à 120.000 dollars. "Il faut compter avec un supplément de 3.000 dollars pour utiliser un arc et une flèche", ajoute Fundira.
Une partie des fonds retourne à la protection de l'environnement, l'entretien de la réserve ou les salaires des guides locaux, mais ce pourcentage n'est guère transparent.
- 'Chasse en conserve' -
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