Le FMI a jeté jeudi une nouvelle ombre sur le plan d'aide à la Grèce en affirmant que sa participation était en suspens et le resterait sans engagement "concret" des Européens à alléger la dette d'Athènes.
Ce n'est toutefois pas la seule condition posée par le Fonds monétaire international pour participer au troisième renflouement de la Grèce depuis 2010: Athènes devra également adopter un paquet "complet" de réformes, a déclaré un haut cadre de l'institution.
"De décisions difficiles sont requises des deux côtés" et "le FMI ne participera qu'une fois que ces deux conditions seront remplies", a mis en garde ce responsable sous couvert de l'anonymat, assurant toutefois que cela "prendra du temps" et, sans doute, plusieurs mois.
"Personne ne peut avoir l'illusion qu'une partie peut régler le problème seule", a-t-il déclaré.
Cette réserve pourrait poser un problème de taille à certains pays Européens, Allemagne en tête, qui ont fait de la présence du FMI une des conditions à un possible plan d'aide de quelque 86 milliards d'euros à Athènes.
Dans la foulée de l'accord-cadre du 13 juillet, des discussions ont certes commencé cette semaine à Athènes entre le pays et ses créanciers dans un climat d'incertitude politique à Athènes et doivent s'achever avant la date-limite du 20 août.
Mais, selon le FMI, ces négociations, qui devraient associer pour la première fois vendredi les ministres des Finances et de l'Economie grecs, n'aborderont pas les questions "cruciales" conditionnant son implication dans le plan d'aide.
"Il est clair que ces discussions ne toucheront pas pour le moment à un certain nombre de questions cruciales pour un programme à moyen terme", a déclaré le responsable de l?institution.
La question de la dette restera ainsi hors de la table des discussions alors qu'elle est centrale pour le FMI, qui ne peut accorder des prêts à un pays que si sa dette est jugée "soutenable".
- Incertitude politique -
Or la dette grecque, qui flirte avec les 170% (bien 170%) de son produit intérieur brut, ne pourrait remplir les critères du FMI que si les Européens consentent un allègement "important", a redit la patronne de l'institution Christine Lagarde mercredi.
"Un volet de restructuration de dette est inévitable", a-t-elle répété.
D'abord très réticents, les Européens se rallient peu à l'idée d'un allègement de la dette grecque même si ses modalités et son ampleur restent encore floues.
Selon son haut responsable, le FMI aura à terme besoin de plus de clarté et exigera un engagement "concret et explicite" des Européens dans ce domaine.
Il a toutefois reconnu que les dirigeants de la zone euro n'étaient pas prêts à aborder cette question avant "l'automne".
Malgré ces précautions, le FMI assure qu'il ne participera pas en "simple spectateur" aux discussions qui ont péniblement commencé à Athènes où des élections générales anticipées pourraient être convoquées.
Le Premier ministre grec Alexis Tsipras a officiellement proposé jeudi aux membres de Syriza, le parti de gauche radicale qu'il dirige, la tenue d'un congrès extraordinaire en septembre pour définir une position commune vis-à-vis de l'accord avec les créanciers du pays contesté par une minorité interne.
Si sa ligne l'emporte, Tsipras pourra exiger des opposants le respect des décisions de la majorité et une discipline de vote au Parlement.
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