Des intrusions dans le site du tunnel sous la Manche qui se multiplient, des moyens supplémentaires pour y faire face mais une volonté de fer de migrants prêts à tout pour rejoindre la Grande-Bretagne: le jeu du chat et de la souris entre candidats à l'exil et forces de l'ordre risque ainsi de perdurer.
. Comment sont comptabilisées les intrusions ?
La nuit dernière, les forces de l'ordre ont procédé à 300 interceptions, selon une source policière, qui indique que 800 à 1.000 migrants ont été comptabilisés aux alentours du site.
Si les tentatives d'intrusion se multiplient, il existe des divergences sur le nombre de migrants présents chaque nuit aux abords du site. Quand les autorités et Eurotunnel parlent de "1.000 à 2.000" personnes , les associations et les migrants eux-mêmes estiment leur présence à "250 voire 500 au maximum".
Pour les compter, les policiers font remonter combien de migrants ils ont mis en fuite, explique Johann Cavallero, secrétaire régional CRS pour le syndicat Alliance. "Mais, attention, cela peut être le même groupe de 10 () qui font 3 ou 4 tentatives, du coup ça fait 30 intrusions", souligne-t-il.
. Comment font les migrants pour accéder au site?
"Pas de passeurs", affirment les migrants de la "New jungle". Les informations sur les techniques et les meilleurs endroits pour pénétrer sur le site d'Eurotunnel se transmettent, selon eux, gratuitement dans la journée.
La technique pour passer les barrages policiers est simple: courir dans tous les sens, à plusieurs reprises, en criant, jusqu'à ce que les forces de l'ordre, dépassées par le nombre, sans savoir où donner de la tête, les laissent se faufiler.
Les intrusions sont nombreuses en raison de la difficulté à sécuriser l'immensité du site de 650 hectares et ses 28 kilomètres de clôture.
. Quels sont les moyens engagés pour faire face aux intrusions?
Les moyens policiers mis en place paraissent insuffisants. Mercredi soir, en début de soirée, sept gendarmes avec une seule bombe lacrymogène et des matraques faisaient à un moment donné face à 150 migrants, qu'ils ont évidemment laissé passer avant l'arrivée de renforts.
Le renfort de 120 policiers, en plus des 300 déjà mobilisés, permettront "de tenir des points qui ne l'étaient pas avant", note Johann Cavallero.
L'ensemble des forces de l'ordre doit se diviser entre repos et terrain, entre sécurisation de la ville de Calais, du centre d'accueil Jules Ferry, du port, ou encore du site d'Eurotunnel.
. Que risquent les migrants interceptés?
Pas grand chose. Certains policiers se plaignent en ayant l'impression "de ne faire que du gardiennage pour Eurotunnel". Dans les faits, plusieurs migrants tentant de s'introduire sur le site sont embarqués par les policiers pour être relâchés quelques centaines de mètres plus loin avant de se retrouver à nouveau face aux mêmes forces de l'ordre.
L'introduction illégale sur le site d'Eurotunnel constitue un délit mais l'absence de poursuites s'explique "par la masse des migrants présents", explique le procureur de la République de Boulogne-sur-Mer, Jean-Pierre Valensi.
Il indique que la justice "se concentre sur le démantèlement des trafiquants", et que "chaque semaine, plusieurs personnes sont poursuivies" et risquent jusqu'à 5 ans de prison. Pour arrêter davantage de passeurs, il faudrait, note-t-il, "davantage d'officiers de police judiciaire".
Soudanais, Érythréens, Somaliens, Afghans, Syriens l'immense majorité des 3.000 migrants présents dans le Calaisis sont issus de pays en guerre ou en proie à la répression politique. C'est la raison pour laquelle "ils ne sont pas expulsables", rappelle M. Valensi.
. Pourquoi passent-ils par le tunnel sous la Manche?
Depuis le mois de juin, l'accès, jusqu'ici privilégié par les migrants, depuis le port de Calais est rendu pratiquement impossible en raison de la "sécurisation" du site, notamment financée à hauteur de 13 millions d'euros par le Royaume-Uni.
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