EDF et Areva ont officialisé jeudi leur accord pour que l'électricien prenne le contrôle de la branche réacteurs du spécialiste du nucléaire, qui aura malgré tout besoin d'une augmentation de capital "significative" pour combler ses besoins de financement.
Cet accord prévoit qu'EDF prenne "un contrôle majoritaire" d'Areva NP, qui regroupe les activités de construction et de services aux réacteurs, a expliqué EDF.
Areva conservera au maximum 25% de la filiale, tandis qu'EDF envisage de détenir in fine une part "de 51% à 75%", avec "potentiellement la participation d'autres partenaires minoritaires".
"L'accord ne sauve pas Areva", a déploré le réprésentant de la CFDT du groupe Jean-Pierre Bachmann, tandis que la CGT estime qu'il "ne pérennise en rien le nouvel Areva". Les deux syndicats annoncent une journée d'action nationale le 15 septembre.
Greenpeace a pourfendu de son côté ces annonces, les qualifiant d'"accord de façade".
"Ce n'est pas un retour au passé", avant que Cogema et Framatome ne fusionnent pour donner naissance à Areva en 2001, a pour sa part jugé le ministre de l'Economie Emmanuel Macron, jeudi dans un entretien au Monde.
L'accord valorise Areva NP à 2,7 milliards d'euros mais ce prix pourra encore "faire l'objet d'un ajustement", précise EDF.
Ce prix est "juste" et "attractif pour les partenaires industriels intéressés à rejoindre le tour de table", a assuré le PDG d'EDF Jean-Bernard Lévy, évoquant des "contacts très préliminaires" avec des partenaires potentiels.
EDF ne valorisait au départ Areva NP qu'à 2 milliards d'euros, tandis qu'Areva en réclamait 4 milliards, selon une source proche du dossier.
L'ancien dirigeant du cimentier suisse Holcim, Bernard Fontana, prendra la tête d'Areva NP, a annoncé par ailleurs Areva.
- 7 milliards d'euros à trouver -
Sur la base d'une cession de 75%, Areva devrait donc percevoir "un montant indicatif de 2 milliards d'euros", souligne l'ex-fleuron du nucléaire ajoutant que l'objectif est de réaliser l'opération "courant 2016".
Le groupe, qui chiffre ses besoins de financement d'ici à 2017 à "environ 7 milliards d'euros", prévoit d'obtenir par ailleurs 1,6 milliard via des "financements propres" et cessions d'actifs.
Dans tous les cas, il manquera encore environ 3,4 milliards d'euros et Areva confirme avoir besoin d'une "augmentation de capital significative".
M. Macron a indiqué que le montant de la recapitalisation sera défini en fonction d'un nouveau "plan de marche" qu'Areva devra lui présenter en septembre.
Début juin, en enjoignant aux deux groupes de se rapprocher, l'Elysée avait assuré que l'Etat, actionnaire à 87% d'Areva et à 84,5% d'EDF, renflouerait le spécialiste du nucléaire "à la hauteur nécessaire".
Si elle vise à contribuer à renflouer Areva et à éviter un naufrage de la filière nucléaire française, l'opération avec EDF signe la fin du modèle intégré d'Areva (du minerai d'uranium aux réacteurs) porté par son ancienne dirigeante, Anne Lauvergeon.
Les deux groupes vont en outre regrouper leurs activités d'ingéniérie des nouveaux réacteurs dans une coentreprise (EDF en détiendra 80% et Areva NP 20%). EDF s'est aussi assuré de ne pas avoir à assumer les risques financiers liés à l'EPR d'Olkiluoto en Finlande. Et l'accord est conditionné à une issue favorable des vérifications en cours sur la cuve de l'EPR de Flamanville (Manche), où une anomalie a été détectée.
Enfin, selon Philippe Knoche, le directeur général d'Areva, les deux groupes "ont établi les bases" en vue d'un accord sur leurs contrats commerciaux de fourniture de combustible et de retraitement des déchets, un point sensible, EDF étant le premier client du groupe.
En parallèle, Areva poursuivra la mise en oeuvre de son plan de restructuration, qui vise à réaliser un milliard d'euros d'économies d'ici à 2017 et pourrait se traduire par la suppression de 6.000 emplois (dont 3.000 à 4.000 en France), sur les 44.000 que compte le groupe.
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