Plusieurs centaines de migrants ont de nouveau tenté de s'introduire sur le site du tunnel sous la Manche à Calais (Pas-de-Calais), l'un d'eux y ayant perdu la vie, poussant le gouvernement à mobiliser 120 policiers supplémentaires pour enrayer ce qu'Eurotunnel présente comme des "invasions systématiques".
"Nos équipes ont retrouvé un corps ce (mercredi) matin et les pompiers ont confirmé le décès de la personne", a indiqué un porte-parole d'Eurotunnel. D'autre part, un Égyptien se trouvait entre la vie et la mort mercredi après avoir été électrocuté à la gare du Nord à Paris, alors qu'il tentait de prendre clandestinement un Eurostar à destination du Royaume-Uni.
Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a annoncé depuis Paris le renfort de deux unités de forces mobiles soit 120 fonctionnaires temporairement affectés à la sécurisation de la frontière à Calais "et notamment du site d'Eurotunnel".
Le PDG d'Eurotunnel Jacques Gounon a assuré sur France Info que sa société mettait "tous les moyens nécessaires dans la limite de (ses) responsabilités pour assurer une totale étanchéité du tunnel", alors que le ministre l'appelle à "prendre ses responsabilités".
Au lendemain d'une nuit où ces intrusions massives et quotidiennes avaient atteint environ 2.000 tentatives, on en a encore compté 2.300 dans la nuit de mardi à mercredi, selon le ministère de l'Intérieur.
Depuis début juin et des travaux importants de sécurisation du port de Calais, barricades et barbelés incitent de nombreux migrants à se reporter sur le site du tunnel.
Selon l'Intérieur, on compte ainsi "1.500 à 2.000 tentatives chaque nuit" depuis deux mois.
Ce phénomène est facilité par l'immensité du site : 28 kilomètres de clôtures pour une surface totale de 650 hectares.
- Des petits groupes qui se disséminent -
"La stratégie (des migrants) est simple", pour Bruno Noël, du syndicat Alliance : ils "arrivent dès que la nuit tombe. A l?affût, ils pénètrent sur le site, ils se cachent. Dès qu'une navette démarre, ils s'approchent pour essayer de s'accrocher à elle. Dès qu?elle prend de la vitesse, on a des drames comme celui de cette nuit", a-t-il expliqué mercredi.
"Un certain nombre" de migrants a réussi à entrer au Royaume-Uni ces derniers jours en passant par le tunnel, a déclaré mercredi, sans donner de chiffre plus précis, la ministre britannique de l'Intérieur Theresa May, alors que selon une source britannique proche du dossier, "plus de cent (migrants) sont passés, répartis sur plusieurs trains".
Depuis début juin, neuf migrants clandestins ont déjà perdu la vie à l'intérieur du site ou en tentant de s'y rendre.
L'homme décédé dans la nuit de mardi à mercredi, d'origine soudanaise, aurait "entre 25 et 30 ans" et aurait été percuté par un camion "qui descendait d'une navette pendant qu'il essayait de grimper dessus", a indiqué une source policière.
"Tout s'est passé cette nuit, et à 06H00, les policiers avaient encore pas mal de boulot", a ajouté la source policière, précisant qu'on lui avait rapporté la présence d'"entre 500 et 1.000 migrants" aux abords du site.
Ces chiffres-ci sont vivement contestés par d'autres acteurs : quelque "150 ou 250 migrants ont essayé de passer dans le tunnel cette nuit, plusieurs fois", a ainsi estimé la maire de Calais Natacha Bouchart, sur France Info.
Une opinion relayée par un bon connaisseur du dossier qui décrivait environ 500 personnes autour du site, dont environ 200 ont réussi à passer à travers les grillages par petits groupes de 10, avant de se disséminer.
"Ca fait quatre mois que je suis ici. Tous les jours, j'essaie de passer via le tunnel, sauf le dimanche", explique John, 17 ans, qui vient d'Erythrée, en montrant aux journalistes des plaies sur toutes les parties de son corps.
Le jeune étudiant en informatique, qui a fui la répression dans son pays, estime qu'il n'y avait "pas plus de 500 personnes" à tenter de braver le danger la nuit dernière.
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