L'ancien patron de l'UMP, Jean-François Copé, a été entendu mardi dans l'enquête Bygmalion sur le financement de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2012, une affaire qui lui a coûté son poste à la tête du parti.
"Il a été entendu en audition libre", ont déclaré mercredi à l'AFP des sources proches du dossier.
Fin janvier, son domicile et ses bureaux à l'Assemblée nationale et à la mairie de Meaux (Seine-et-Marne) avaient été perquisitionnés.
Les investigations concernent un système de fausses factures émises par Event & Cie, filiale de la société de communication Bygmalion.
But de la fraude: la prise en charge par l'UMP d'environ 18,5 millions d'euros de dépenses de campagne de Nicolas Sarkozy pour éviter qu'elles n'explosent le plafond autorisé de 22,5 millions d'euros et ne soient rejetées par le Conseil constitutionnel. Ce qui avait quand même été le cas.
Treize personnes ont été mises en examen dans ce dossier. Des dirigeants de Bygmalion, des cadres de l'UMP dont l'ex-directeur général Eric Cesari et l'ancienne directrice des ressources humaines, Fabienne Liadzé, des responsables de la campagne notamment son directeur, Guillaume Lambert, et son directeur adjoint, Jérôme Lavrilleux, ainsi que deux experts-comptables.
Parmi elles, plusieurs ont expliqué que M. Copé, secrétaire général du parti lors de la présidentielle 2012, n'était pas au courant du dispositif frauduleux.
Le député-maire de Meaux, proche des deux fondateurs de Bygmalion, Bastien Millot et Guy Alvès, a toujours dit avoir tout ignoré des malversations. Il n'aurait été mis au courant que le 16 mai 2014, lors d'une réunion à l'UMP, ce qu'a confirmé Fabienne Liadzé lors de son audition selon une source proche du dossier.
- "JFC en a parlé au PR" -
Franck Attal, patron d'Event & Cie, a dit à M. Copé que sa société avait "mis en place un système de double facturation". L'ancien numéro un de l'UMP lui a demandé "pourquoi personne ne lui en a jamais parlé" et "avec qui" M. Attal "était en lien pendant la campagne présidentielle". Ce dernier lui a répondu "Jérôme Lavrilleux et Eric Cesari", selon les déclarations de Mme Liadzé rapportées par cette source.
Jérôme Lavrilleux, bras droit de Jean-François Copé à l'UMP, a de son côté toujours assuré "ne pas avoir informé" son patron "afin de le protéger".
Mais un SMS envoyé le 28 avril 2012 à Guillaume Lambert pourrait laisser penser que Jean-François Copé était au courant des difficultés financières qui plombaient la campagne. "Nous n'avons plus d'argent. JFC (Jean-François Copé, NDLR) en a parlé au PR (président de la République, NDLR)", écrit Jérôme Lavrilleux, d'après une source proche du dossier.
Selon cette source, le maire de Meaux a aussi reçu un courriel le 27 avril 2012, accompagné d'une pièce jointe dans laquelle Fabienne Liadzé ne fait guère mystère des difficultés du parti, prévenant que "si rien n'est fait pour débloquer cette situation, l'UMP sera en défaut de paiement à partir de ce lundi 30 avril".
Enfin, l'agenda de Jean-François Copé fait état, selon la source, d'un rendez-vous avec Franck Attal le 8 mars 2012, ce que ce dernier a démenti.
L'enquête ouverte pour faux et usage de faux, abus de confiance et tentative d'escroquerie a été élargie au financement illégal de campagne, délit qui vise expressément le candidat Sarkozy en cas notamment de dépassement conscient du plafond des dépenses.
L'ancien président de la République, qui n'a pas été entendu dans cette enquête, a affirmé n'avoir "appris le nom de Bygmalion" que "longtemps après la présidentielle". Mais il est décrit dans l'enquête comme décisionnaire de sa stratégie de campagne et la question de son rôle reste posée.
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