Exhibant fièrement sa musculature, Haïfa Moussaoui, une culturiste de Bahreïn, rêve de reconnaissance internationale après avoir perdu l'espoir d'être considérée comme une athlète dans sa région.
Adolescente, la jeune femme aujourd'hui âgée de 32 ans a commencé à pratiquer la musculation à Bahreïn avec un entraîneur privé pour lutter contre l'obésité, largement répandue dans les pays du Golfe.
"J'ai eu un problème d'obésité et le culturisme m'a plu", déclare cette femme à la mâchoire carrée, aux grands yeux et à la chevelure serrée dans une queue de cheval.
Encore jeune, elle dévorait tout article de presse sur ce sport. "A cet âge, je n'avais ni l'expérience ni le savoir-faire pour devenir culturiste. Et ce n'était pas facile de le devenir dans notre société où la pratique de ce sport est si rare pour les femmes".
"Malgré tout, j'allais au club tous les jours. Et c'était pour moi la chose la plus importante", se souvient-t-elle.
La famille de Haïfa Moussaoui l'a encouragée lorsqu'elle tentait de perdre du poids. "Mais après, elle a commencé à avoir peur" des compléments alimentaires consommés dans le cadre de cette pratique, qu'elle a finalement acceptée.
Dix ans plus tard, cette Bahreïnie collectionne les certificats d'organisations de culturisme et travaille dans un centre de Dubaï spécialisé dans la perte de poids où elle entraîne des femmes et des hommes.
Le 12 juin, elle a participé aux championnats de l'Association internationale de culturisme naturel qui se sont tenus pour la première fois à Dubaï et a été classée sixième dans sa catégorie.
Haïfa Moussaoui et une Jordanienne ont été les seules femmes arabes à participer à cette compétition.
Elle tente maintenant d'obtenir une carte professionnelle pour pouvoir participer à des compétitions mondiales et adhérer à la Fédération internationale de culturisme et de remise en forme.
Toutefois, elle ne pourra pas représenter Bahreïn ou tout autre pays du Golfe où ce sport reste confidentiel.
Aussi veut-elle se rendre en octobre au Portugal, y obtenir un permis de séjour et représenter ce pays dans les compétitions internationales, avec l'aide de son entraîneur portugais Andreia Sousa.
- 'Ça a changé ma vie' -
"C'est mon rêve et je veux l'accomplir. Alors si le Portugal peut m'aider, pourquoi pas", dit l'athlète en gardant l'espoir de pouvoir un jour défendre les couleurs de son pays.
"Je vais m'occuper de la partie administrative, l'accompagner dans les championnats et m'occuper d'elle jusqu'à ce qu'elle monte sur scène", déclare son entraîneur portugais. "Je pense que Haïfa a beaucoup de talent (..) et de possibilités".
Alors que plus en plus de femmes arabes s'intéressent à ce sport, pour notamment perdre du poids, beaucoup répugnent à le pratiquer en raison de "résistances de la société", note Haïfa Moussaoui.
Beaucoup d'hommes, parmi ceux qu'elle entraîne, trouvent "étrange" également de la voir pratiquer ce sport mais "ils commencent à accepter l'idée", ajoute-t-elle.
Dans le club où elle est employée, une Yéméno-Pakistanaise, Shaza Jamil, s'adonne au même sport. "Les hommes me demandent souvent pourquoi je fais de la musculation", raconte-t-elle en soulevant des poids, "ils disent +vous êtes une fille et vous allez ruiner votre corps+".
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