Barack Obama est arrivé lundi au palais présidentiel d'Addis Abeba pour des entretiens avec le Premier ministre Hailemariam Desalegn, au premier jour d'une visite de 48 heures inédite en Ethiopie qui devrait essentiellement être consacrée aux questions sécuritaires.
Barack Obama est arrivé dimanche soir en Ethiopie, premier déplacement d'un président américain dans ce pays de la Corne de l'Afrique, quelques heures après un nouvel attentat des islamistes somaliens shebab à Mogadiscio.
L'Ethiopie, comme le Kenya où le président américain se trouvait ce weekend, combat les insurgés en Somalie au sein d'une force de l'Union africaine (Amisom). Les Etats-Unis les attaquent eux-mêmes régulièrement via des drones.
L'attentat de Mogadiscio, contre un hôtel abritant les ambassades de Chine, du Qatar et des Emirats arabes unis, a fait au moins 13 morts.
Comme au Kenya, où Barack Obama a estimé que les shebab étaient "affaiblis", la visite du président américain à Addis Abeba, dont le point d'orgue sera un discours au siège de l'Union africaine (UA) mardi, doit être largement consacrée à la lutte contre le terrorisme. L'Ethiopie, pays le plus peuplé d'Afrique après le Nigeria, est un partenaire-clé de Washington dans la Corne de l'Afrique.
Mais les défenseurs des droits de l'Homme espèrent que ce dialogue laissera de la place pour un discours ferme sur les droits de l'Homme: l'Ethiopie, où la coalition au pouvoir depuis un quart de siècle vient de rafler tous les sièges aux élections législatives, est régulièrement accusée d'étouffer les critiques.
Le département d'Etat américain a lui-même mentionné dans son dernier rapport sur les droits de l'Homme en Ethiopie des "restrictions à la liberté d'expression", le "harcèlement et l'intimidation des membres de l'opposition et des journalistes", ainsi que des "procès politiques".
"Nous ne voulons pas que cette visite soit utilisée pour réhabiliter des autorités connues pour leurs violations des droits de l'Homme () Nous encourageons Barack Obama à parler des droits de l'Homme et à apporter son soutien aux organisations locales", a lancé Abdullahi Halakhe, d'Amnesty International.
Dans la capitale éthiopienne, le président américain doit aussi participer lundi à un mini-sommet sur le Soudan du Sud, ravagé par 19 mois d'une guerre civile qui a fait des dizaines de milliers de morts. Devraient y participer les dirigeants éthiopien, kényan et ougandais, mais aussi le ministre soudanais des Affaires étrangères, Ibrahim Ghandour.
L'idée sera d'essayer d'obtenir un consensus pour des sanctions, si l'ultimatum lancé aux belligérants pour qu'ils signent enfin un accord de paix d'ici le 17 août reste lettre morte. Sept cessez-le-feu - tous systématiquement violés - ont déjà été signés par le camp du président Salva Kiir et les rebelles dirigés par son ancien vice-président, Riek Machar.
- Conflits et gouvernance -
Mardi à l'UA, Barack Obama s'adressera de nouveau au continent après le sommet USA-Afrique en août 2014.
"Nous attendons l'exécution de différentes initiatives, dans la construction des infrastructures de transports et télécommunications", a indiqué Jacob Enoh Eben, porte-parole de la présidente de la Commission de l'UA, Nkosazana Dlamini-Zuma. "Barack Obama va amener avec lui les grandes entreprises américaines. Sa visite prouve qu'il faut venir en Afrique".
Alors que l'Afrique est secouée par de nombreuses crises, du Burundi au Soudan du Sud en passant par la Centrafrique, les acteurs de la société civile attendent que M. Obama pousse aussi l'UA à faire respecter davantage sa propre Charte de la démocratie, des élections et de la gouvernance.
"L'espace citoyen se rétrécit dans un nombre croissant de pays africains, y compris les deux visités. Quand cela devient une tendance régionale, l'UA est la mieux placée pour adopter une position commune et arrêter cette tendance", juge Désiré Assogbavi, de l'ONG Oxfam.
Hormis quelques portraits et drapeaux américains sur la route de l'aéroport, Addis Abeba ne montrait aucun signe de l'"Obamania" qui a saisi le Kenya pendant sa visite.
"Nous avons fait beaucoup de progrès. Notre pays est sur la bonne voie. Obama va pouvoir voir cela", a confié Tamirat Tefera, un fonctionnaire, résumant le sentiment de fierté des Ethiopiens de recevoir Barack Obama.
L'Ethiopie, peuplée de 95 millions d'habitants, affiche une croissance annuelle de quelque 10% sur les cinq dernières années, selon la Banque mondiale.
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