Barack Obama effectue lundi et mardi la première visite d'un président américain en Ethiopie, pays le plus peuplé d'Afrique après le Nigeria, dans la foulée d'un déplacement déjà inédit au Kenya voisin, la patrie de son père.
M. Obama, qui en point d'orgue de sa visite prononcera un discours au siège de l'Union africaine (UA) mardi, a été accueilli dimanche soir à Addis Abeba à sa descente d'avion par le Premier ministre Hailemariam Desalegn et son épouse.
Comme au Kenya, sa visite sera consacrée à la lutte contre le terrorisme, l'Ethiopie étant un partenaire clé des Etats-Unis en matière de sécurité dans la Corne de l'Afrique.
Addis Abeba joue un rôle central dans la lutte contre les islamistes somaliens shebab, avec un contingent de quelque 4.400 hommes au sein de la force de l'UA en Somalie (Amisom). Cette force africaine appuie la fragile armée somalienne face aux insurgés affiliés à Al-Qaïda, contre lesquels les Etats-Unis mènent eux-mêmes de régulières attaques de drones.
Mais les défenseurs des droits de l'Homme espèrent que le dialogue sécuritaire laissera de la place pour un discours ferme sur les droits de l'Homme: l'Ethiopie, où la coalition au pouvoir depuis un quart de siècle vient de rafler tous les sièges aux élections législatives, est régulièrement accusée d'étouffer les critiques.
Le département d'Etat américain a lui-même mentionné dans son dernier rapport sur les droits de l'Homme en Ethiopie des "restrictions à la liberté d'expression", le "harcèlement et l'intimidation des membres de l'opposition et des journalistes", ainsi que des "procès politiques".
"Nous ne voulons pas que cette visite soit utilisée pour effacer les violations des droits de l'Homme des autorités. () Nous encourageons Barack Obama à parler des droits de l'Homme et à apporter son soutien aux organisations locales", a lancé Abdullahi Halakhe, d'Amnesty International.
Dans la capitale éthiopienne, le président américain doit aussi tenir lundi un mini-sommet sur le Soudan du Sud, ravagé par 19 mois d'une guerre civile qui a fait des dizaines de milliers de morts. Devraient y participer les dirigeants éthiopien, kényan et ougandais, mais aussi le ministre soudanais des Affaires étrangères, Ibrahim Ghandour.
L'idée sera d'essayer d'obtenir un consensus pour des sanctions, si l'ultimatum lancé aux belligérants pour qu'ils signent enfin un accord de paix d'ici au 17 août n'aboutit à rien. Sept cessez-le-feu ont déjà été signés par le camp du président Salva Kiir et les rebelles dirigés par son ancien vice-président, Riek Machar.
- Conflits et gouvernance -
Mardi à l'UA, Barack Obama pourra s'adresser à l'ensemble du continent pour poursuivre l'engagement entamé lors du sommet Etats-Unis-Afrique en août 2014.
"Nous attendons l'exécution de différentes initiatives, dans la construction des infrastructures de transports et télécommunications", a indiqué Jacob Enoh Eben, porte-parole de la présidente de la Commission de l'UA, Nkosazana Dlamini-Zuma. "Barack Obama va amener avec lui les grandes entreprises américaines. Sa visite prouve qu'il faut venir en Afrique".
Alors que l'Afrique est secouée par de nombreuses crises, du Burundi au Soudan du Sud en passant par la Centrafrique, les acteurs de la société civile attendent cependant que M. Obama pousse aussi l'UA à s'impliquer davantage dans le respect de sa propre Charte de la démocratie, des élections et de la gouvernance.
"L'espace citoyen se rétrécit dans un nombre croissant de pays africains, y compris les deux pays visités. Quand cela devient une tendance régionale, l'UA est la mieux placée pour adopter une position commune et arrêter cette tendance", juge Désiré Assogbavi, de l'ONG Oxfam.
Hormis quelques portraits et drapeaux américains sur la route de l'aéroport, Addis Abeba ne montrait aucun signe de l'"Obamania" qui a saisi le Kenya pendant sa visite.
"Nous avons fait beaucoup de progrès. Notre pays est sur la bonne voie. Obama va pouvoir voir cela", a confié Tamirat Tefera, un fonctionnaire, résumant malgré tout le sentiment de fierté des Ethiopiens de recevoir Barack Obama.
L'Ethiopie, peuplée de 95 millions d'habitants, affiche une croissance de quelque 10% sur les cinq dernières années, selon la Banque mondiale.
Au Kenya, la visite de Barack Obama a aussi été consacrée aux questions économiques et sécuritaires - l'armée kényane participe à l'Amisom - et aux droits de l'Homme.
Le président américain y a multiplié les références à son passé kényan, tout en fustigeant corruption et tribalisme. Il a aussi envoyé un message de soutien aux homosexuels sur le continent.
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