Le rideau s'est levé samedi sur le célèbre Festival d'opéra de Bayreuth, entièrement dédié à l'oeuvre de Richard Wagner, avec un "Tristan et Iseult" sombre et pessimiste mais très applaudi, notamment par Angela Merkel.
"C'était une grande soirée", a déclaré Mme Merkel, citée par l'agence de presse allemande DPA. La nouvelle production de Katharina Wagner a "bien plu" à la chancelière éprise d'opéra, qui n'a manqué qu'une seule ouverture de Bayreuth en dix ans, l'an dernier.
Comme tout le gratin politico-économique de l'Allemagne, Mme Merkel a gravi peu avant 14h00 GMT la "Colline verte" sur laquelle est perché le théâtre du Festspielhaus, vêtue d'un tailleur et d'une jupe longue turquoise, aux côtés de son époux Joachim Sauer.
Selon le site internet du quotidien Bild, elle a fait un malaise d'environ deux minutes à la pause, vers 17h00 GMT, mais l'organisation du festival bavarois n'a pas été en mesure de le confirmer, et la chancelière a normalement assisté à la fin de l'opéra.
Après une année sans nouvelle production, Bayreuth s'est ouvert par le "Tristan et Iseult" mis en scène par Katharina Wagner, une arrière-petite fille du compositeur, qui codirige le festival depuis 2009 avec sa demi-soeur Eva Wagner-Pasquier.
Katharina, 37 ans, prendra seule la tête de la manifestation à la fin de l'été après le retrait annoncé d'Eva, 70 ans, et son "Tristan" était d'autant plus attendu que sa liste de productions est peu fournie et sa direction controversée.
Sa mise en scène a été acclamée, même si quelques sifflets ont été adressés au chef d'orchestre Christian Thielemann et à la soprano allemande Evelyn Herlitzius, tardivement choisie pour le rôle d'Iseult.
Avant cette soirée, Katharina Wagner n'avait réalisé à Bayreuth qu'un "Maîtres chanteurs de Nuremberg" éreinté par la critique et boudé par le public, et a fait évoluer les choix esthétiques du festival en privilégiant des artistes au tempérament provocateur.
L'édition 2013, lors du bicentenaire de Richard Wagner, avait été marquée par une interprétation du "Ring" par Frank Castorf, enfant terrible du théâtre allemand, décriée bien au-delà des milieux conservateurs de l'opéra.
- Complot contre Eva Wagner ? -
Les billets pour Bayreuth restent néanmoins parmi les plus difficiles à obtenir au monde, assure le responsable commercial du festival, Heinz-Dieter Sense, avec jusqu'à 13 ou 14 ans d'attente pour certaines productions.
Sur les 60.000 billets en vente cette année, environ 45.000 sont destinés au grand public - dont la moitié disponibles en vente directe sur internet - et 15.000 sont réservés à la Société des Amis du festival, l'un des principaux mécènes.
Depuis la création de Bayreuth, fondé en 1876 par Wagner lui-même, les descendants du compositeur se déchirent régulièrement pour le contrôle de l'événement, où se presse chaque année l'élite politique et sociale du moment. Adolf Hitler était lui-même un wagnérien ardent et se rendait régulièrement au festival.
A certains moments, ces querelles intestines entre les différentes branches de la famille Wagner ont même menacé d'éclipser le festival. Cette année n'a pas dérogé à la règle.
La presse s'est ainsi faite l'écho d'un complot -- vigoureusement démenti -- qu'auraient ourdi Katharina Wagner et Christian Thielemann afin qu'Eva Wagner-Pasquier n'accède plus à la "Colline verte" une fois les répétitions de "Tristan" entamées.
La tension est encore montée d'un cran lorsque l'actuel chef d'orchestre du "Ring", le Russe Kirill Petrenko, pourtant réputé pour sa discrétion, a publiquement fustigé la façon dont avait été remplacé, à la dernière minute, le ténor canadien Lance Ryan qui campait Siegfried ces deux dernières années.
Les spéculations sur une rivalité entre Petrenko et Thielemann ont pris de l'ampleur lorsque le Russe a été élu fin juin à la tête du Philharmonique de Berlin, un poste que Thielemann semblait convoiter de longue date.
Par ailleurs, le festival a été inhabituellement long à confirmer la distribution de cette année, annoncée en juin alors qu'elle l'est habituellement en début d'année. Un délai étonnant, même en tenant compte de la mort de deux chanteurs dans le crash de l'avion de Germanwings dans les Alpes françaises fin mars.
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