Des renforts et relèves de pompiers de toute la France se joignaient dimanche près de Bordeaux à la lutte contre l'incendie de forêt qui a ravagé quelque 600 hectares depuis trois jours et dont le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, vient visiter le front "préocuppant".
Depuis samedi soir et jusqu'à l'aube, quelque 300 renforts de sapeurs-pompiers venus de Montauban, de Chambéry, de l'Ouest, sont arrivés pour épauler leur 380 collègues épuisés de Gironde et de départements voisins déjà en soutien.
Le feu "est très préoccupant, il continue de progresser", a annoncé à la presse vers minuit, le directeur de cabinet du préfet de Gironde, Simon Bertoux, sur fond de ballet incessant de bulldozers, camions-lances, véhicules légers au PC opérationnel de Saint-Jean-d'Illac. Il a indiqué que le feu avait brûlé depuis son déclenchement vendredi à 14H30 quelque 600 hectares, soit une nette extension, plus de 200 hectares, en quelques heures samedi
"Le feu pose problème, car même si le vent est tombé, le feu a développé suffisamment d'énergie pour crééer son propre vent", a précisé le directeur-adjoint des pompiers de Gironde, le colonel Dominique Mathieu. Selon l'officier, les pompiers luttent "pied à pied" pour créer des boucliers afin de protéger les zones ciblées, mais le feu a tendance à passer sur les côtés.
Quelque 150 maisons ont été évacuées samedi soir dans un quartier excentré de Pessac, Toctoucau, et la quasi-totalité des occupants relogés chez des parents ou des proches. Ils viennent s'ajouter aux 120 ménages, sur Saint-Jean-d'Illac et Pessac, qui avaient été évacués vendredi soir.
Déjà les autorités se disaient en "grande vigilance" pour un nouveau quartier de 500 habitants environ (en fonction des absences pour vacances), situé celui-là sur la commune voisine de Cestas, que le feu pourrait à terme venir menacer. Aucune évacuation n'y était toutefois encore envisagée samedi soir.
- Toujours aucune habitation ni bien atteint -
La préfecture a rappelé qu'"aucune habitation, aucun bien n'a été atteint" à ce stade par l'incendie, qui s'est déclaré vendredi vers 14H30 à Saint-Jean-d'Illac, à seulement une vingtaine de kilomètres de Bordeaux.
Le vent, qui avait forci dans l'après-midi de samedi, relançant un feu pourtant "stabilisé" à la mi-journée, est retombé samedi dans la nuit et la température a baissé, aidant les pompiers, a souligné le colonel Mathieu. Les quatre Canadair et le bombardier d'eau Dash, arrêtés à la nuit, devaient aussi rentrer en action au lever du jour dimanche.
Mais la météo prévoyait de nouveau pour dimanche après-midi des vents tournants de 40 à 50 km/h, comme ceux qui avaient attisé le début du feu, puis sa reprise.
Le département de la Gironde, qui était ces jours derniers en risque incendie "sévère", va passer du coup en risque "très sévère".
"Il faut rester modeste face à la nature", a rappelé le colonel Mathieu, en référence au renversement de scénario, alors que les pompiers étaient parvenus à stabiliser l'incendie à la mi-journée, avant des reprises soudaines.
Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, sera sur le front à Saint-Jean-d'Illac dimanche à partir de 08H30 pour visiter le PC opérationnel, rencontrer des pompiers, des habitants évacués. Il a salué samedi les "acteurs engagés sans relâche sur le terrain" et les a assurés "de la solidarité nationale pour lutter contre ces feux".
L'incendie de Saint-Jean-d'Illac est le plus important depuis trois ans en Gironde, un département recouvert à plus de 45% de forêts, au coeur du massif forestier de Gascogne (un million d'hectares), et fréquemment soumis en été à de multiples départs de feu par jour. En août 2012, un incendie avait détruit plus de 650 hectares de pinède près de Lacanau, sans faire de victimes.
Samedi encore, un début d'incendie de forêt à 65 km au nord de Saint-Jean-d'Illac, à Naujac-sur-Mer, est venu rappeler le risque de nouveaux départs de feux, qui dispersent les moyens: deux des Canadairs ont dû être temporairement détournés pour aider à maîtriser cet incendie.
Au-delà de la maîtrise du feu, les pompiers vont être voués à un "chantier de plusieurs jours" à Saint-Jean-d'Illac pour traiter les points chauds, séparer les zones brûlées des zones épargnées.
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