Le Britannique Chris Froome s'est quasiment assuré la victoire dans le Tour de France après la 20e et avant-dernière étape enlevée samedi à L'Alpe d'Huez par le Français Thibaut Pinot (FDJ).
Froome a lâché 1 min 20 sec, plus 6 secondes de bonification, à son dauphin, le Colombien Nairo Quintana, mais a préservé pour 1 min 12 sec son maillot jaune de leader à la veille de l'arrivée à Paris.
Que retenir de ce final haletant ?
Dans une ambiance de feu, le Tour a connu son apothéose sur les pentes de L'Alpe d'Huez, l'ascension mythique pour une course qui a tenu ses promesses. A tous les échelons, le suspense a prévalu sur les 13,8 kilomètres (à 8,1 %). Pour la victoire d'étape, entre Pinot et Quintana. Pour le maillot jaune, entre Froome et le même Quintana.
A l'arrivée, le perdant a été le meilleur grimpeur du jour, le plus rapide dans l'ascension de L'Alpe d'Huez. Quintana a signé le meilleur temps de la montée, en 39 min 23 sec. Soit le 22e "chrono" dans l'histoire du Tour, 27 secondes plus vite que le temps réalisé en 2013 par le jeune grimpeur venu des Andes.
Froome, longtemps protégé par ses coéquipiers (Poels, Porte) qui semblaient même plus à l'aise que lui, a lâché prise sur l'attaque tranchante de Quintana à 9,5 kilomètres du sommet. Mais il a tenu bon, bien qu'il ait reconnu après l'arrivée avoir souffert des bronches depuis la seconde journée de repos.
"J'ai beaucoup toussé, j'ai souffert ces dernières journées, je suis bien content d'en terminer", a assuré le porteur du maillot jaune, qui s'est octroyé également le maillot à pois de meilleur grimpeur.
Froome est parvenu à limiter la perte de temps sur le Colombien, confronté à une tâche insurmontable, sauf défaillance de son rival. Au départ des 110,5 kilomètres, l'écart entre les deux premiers du Tour s'élevait à 2 min 38 sec.
Quintana a testé Froome sur le haut de la première ascension du jour, la Croix-de-Fer. S'il a isolé l'Anglais de ses soutiens, il s'est relevé ensuite, en compagnie de son coéquipier espagnol Alejandro Valverde, pour tenter le quitte ou double dans la montée finale.
Le pari a échoué. Le Colombien a entamé la montée de l'Alpe à deux minutes du groupe de contre-attaque (avec Pinot) lancé à la poursuite d'Alexandre Geniez, échappé depuis le départ de Modane. A l'arrivée, il a échoué à 18 secondes de la victoire d'étape qu'un seul Colombien, le légendaire Lucho Herrera, s'était adjugée dans la station de l'Oisans voici 31 ans.
Le podium a pris sa tournure définitive. Le champion d'Italie Vincenzo Nibali a été retardé par une crevaison au bas des 21 virages. Il est resté à distance de Valverde, qui a tenu à franchir la ligne devant Froome et a assuré sa troisième place au classement final.
A 35 ans, l'Espagnol est sur le point d'accéder pour la première fois de sa carrière au podium des Champs-Élysées.
Pinot a-t-il réussi son Tour ?
Présenté, à juste titre par rapport à son potentiel, comme l'espoir français numéro un dans les grands tours, Thibaut Pinot a suivi un parcours douloureux dans ce Tour 2015. Le protégé d'Yvon Madiot a eu le grand mérite de persévérer après son chemin de croix de la première semaine, la grave chute de son coéquipier William Bonnet, les pépins mécaniques ou les ennuis de santé.
Pinot s'est présenté au pied des premiers cols avec un handicap de plus de 8 minutes au général. Victime de la chaleur, un élément météo qu'il n'aime guère, il a reculé encore dans les Pyrénées et a dû changer de stratégie en choisissant de se fixer sur un succès d'étape.
"Je ne veux pas avoir de regrets à Paris", a répété tout au long de la dernière semaine le grimpeur français de la FDJ, qui s'est mêlé à maintes échappées au risque de sembler brouillon. Passé près du succès à Mende (14e étape), où sa concurrence avec Romain Bardet, l'autre grand espoir du cyclisme français, est apparue en pleine lumière, il a cumulé ensuite les déceptions. Entre autres, sa chute mercredi dans la descente du col d'Allos.
Sa réaction à L'Alpe d'Huez n'en est que plus probante. "Je finis plutôt bien, j'ai pris de la caisse par rapport aux autres années, c'est du positif pour la suite de ma carrière", a estimé Pinot, qui a ajouté son nom à la liste des vainqueurs français à L'Alpe d'Huez (Bernard Hinault en 1986, Pierre Rolland en 2011, Christophe Riblon en 2013).
La montagne 'orange', envahie une nouvelle fois par les supporters néerlandais, est en passe de virer au bleu.
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