Des centaines de pompiers s'apprêtaient à passer une deuxième nuit de lutte contre l'incendie de forêt qui a détruit près de Bordeaux 420 hectares de pinède depuis vendredi et forcé l'évacuation préventive de 150 habitations supplémentaires, le ministre de l'Intérieur étant attendu sur place dimanche.
Le maire de Pessac, Franck Raynal (Les Républicains), a indiqué que les habitants d'environ 150 habitations de Toctoucau, un quartier pavillonnaire excentré au sud-ouest de sa commune et situé à 20 km de Bordeaux, avaient été placés en pré-alerte dans l'après-midi, puis invités à quitter les lieux dans la soirée.
Les habitants ont été priés d'évacuer "non pas forcément parce qu'il y a un risque que les habitations prennent feu, mais parce qu'il y a un risque du fait des fumées, très denses et acres, et qu'il faut éviter de respirer une nuit", a expliqué le maire à l'AFP. La priorité des pompiers est "d'éviter des atteintes aux biens" et de protéger ces habitations, a-t-il ajouté.
Le feu avait été "stabilisé, presque maîtrisé" à la mi-journée mais il y a eu regain de vents, "avec des rafales à plus de 40 km/h et une évolution défavorable sur un secteur du feu qui a obligé à redéployer des moyens importants pour la traiter", a indiqué la préfecture.
"Nous en sommes à 420 hectares de forêt détruits", a annoncé en soirée le préfet de région Aquitaine et de Gironde, Pierre Dartout, contre 320 environ en milieu de journée quand l'incendie avait été stabilisé.
D'importants moyens, 350 pompiers de Gironde et de départements voisins, 200 véhicules, épaulés jusqu'à la nuit par quatre Canadair un avion Dash, restaient mobilisés samedi. Ils devaient recevoir dans la nuit des renforts et relèves d'autres régions, annoncés par le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve: "Quatre colonnes de renfort formées par plus de 300 sapeurs-pompiers et une section de 25 militaires de la Sécurité civile".
Le ministre se rendra dimanche matin à Saint-Jean-d'Illac a partir de 08H30, pour visiter le PC opérationnel, rencontrer des pompiers engagés contre le feu, ainsi que des personnes évacuées.
De son côté, le Premier ministre, Manuel Valls, sur son compte twitter, a exprimé son "soutien aux habitants évacués" et sa "profonde reconnaissance aux soldats du feu engagés dans la lutte".
- Un chantier de plusieurs jours -
Comme vendredi soir, les pompiers misaient sur des conditions météo plus favorables à leur combat en fin de soirée, "avec un peu plus d'humidité et un vent qui baisserait", selon la préfecture. Le vent avait considérablement baissé vers 23H00 aux abords du PC opérationnel, baigné dans l'omniprésente et puissante odeur du bois brûlé. "Ca nous aide bien par rapport à cet après-midi", soufflait un pompier au visage couvert de suie.
Au-delà des reprises de feu, les sapeurs-pompiers devront s'attacher à traiter les points chauds de 9 à 10 km de lisière du feu, séparer les zones brûlées des zones épargnées: un travail "méthodique et constant", un "chantier qui va durer plusieurs jours", selon le colonel Jean-Paul Decellières, directeur du Service départemental d'incendie et de secours (Sdis) de Gironde.
Depus vendredi, quatre pompiers ont été légèrement blessés au cours des interventions, principalement des coups de chaud, inhalation de fumée et une blessure au dos, qui n'ont pas nécessité d'évacuation.
"L'extrême prudence" préconisée par la préfecture face à un incendie toujours "préoccupant" a conduit à différer le retour chez eux de quelques 120 foyers évacués dès vendredi soir: 40 habitations à Saint-Jean-d'Illac, 80 sur la proche commune de Pessac. Même si aucune habitation n'a été atteinte par le feu depuis vendredi.
La plupart des évacués avaient été relogés chez des proches, quelques dizaines dans un gymnase à Pessac. Environ 80 patients d'un centre de soins psychiatriques légers, eux aussi évacués vendredi, ont été admis au CHU de Bordeaux et dans un hôpital militaire de Villenave d'Ornon, en banlieue bordelaise.
L'incendie de Saint-Jean-d'Illac est l'un des plus importants des dernières années en Gironde, département recouvert à plus de 45% de forêt, au coeur du massif forestier de Gascogne (1 million d'hectares). Les multiples départs de feu l'été en une journée n'y sont pas rares. En août 2012, un incendie avait détruit plus de 650 hectares de pinède près de Lacanau, sans faire de victimes.
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