Les producteurs de lait ont arraché une hausse des prix du lait à minima qui leur permettra de couvrir leurs frais, à l'issue de trois heures de discussion avec leurs partenaires au ministère de l'Agriculture.
Comme il l'avait fait mi-juin pour la viande bovine, Stéphane Le Foll les a réunis vendredi avec les industriels et les distributeurs pour les accorder sur cette hausse devenue indispensable alors que les éleveurs bloquaient dans la matinée plusieurs laiteries de l'Ouest, en Vendée et dans la Manche.
Il a été convenu que le lait ne pourra leur être payé moins de 340 euros les 1.000 litres, soit une augmentation de 4 centimes par litre par rapport au niveau actuel.
"L'impact sur le consommateur sera de quelques centimes" a souligné M. Le Foll en sortant de la réunion. "C'est un effort qu'on demande pour pouvoir passer cette crise. Les prix ne vont pas se mettre à flamber".
Sans appeler à la suspension des mouvements de colère, Xavier Beulin, président de la FNSEA, a "insisté sur l'état d'esprit très constructif, à la recherche d'une solution durable au moins jusqu'à la fin de l'année" des participants.
"Chacun a pris conscience qu'après plusieurs mois de déflation des prix alimentaires, il est temps de faire un peu de rattrapage sur les prix des produits alimentaires".
"Cette hausse va nous permettre de couvrir nos frais; elle ne nous satisfait pas mais elle permet au moins çà" a indiqué de son côté le président de la fédération des producteurs (FNPL) Thierry Roquefeuil.
"On ne règle pas tous les problèmes aujourd'hui" a-t-il ajouté en réclamant des mesures au niveau européen.
Après quelques mois d'embellie en 2014, les prix du lait sont repartis à la baisse depuis décembre dernier, déprimés par un contexte mondial défavorable dont la fin des quotas européens en avril, après 30 ans de régulation.
"Il est évident que les producteurs ne peuvent continuer en l'état actuel des choses", avait prévenu M. Roquefeuil avant la réunion.
Pour le ministre il s'agissait surtout, par cette réunion au grand complet, d'"envoyer un message à l'ensemble des producteurs laitiers" qui se sont particulièrement mobilisés en début de semaine en Normandie, leur principal bassin de production.
- Conseil européen le 7 septembre -
Simultanément, M. Le Foll s'est tourné vers l'Europe: après avoir appelé jeudi plusieurs de ses homologues dont les pays traversent une crise similaire (Italie, Belgique, Allemagne, Irlande et Luxembourg, Etat qui préside actuellement le Conseil européen), il a obtenu la convocation d'un conseil européen des ministres de l'Agriculture le 7 septembre.
La France réclame un soutien de Bruxelles aux producteurs et une revalorisation du prix d'intervention du lait: ce mécanisme de soutien européen, activé en cas d'effondrement des cours, ne se déclenche actuellement que lorsque le prix tombe à 22 centimes le litre.
Outre la fin des quotas, l'embargo russe sur les produits agroalimentaires a contribué à engorger le marché européen, alors que la demande chinoise, en pleine croissance depuis 2010, s'est brusquement réduite de moitié en poudre de lait.
Mais les éleveurs français refusent de se sentir les seuls otages du marché mondial. "On ne peut pas dire aux producteurs qu'ils doivent évoluer dans un contexte mondialisé et garder des charges sociales ou fiscales typiquement françaises. En ce cas, on veut aussi des charges mondialisées", se défend M. Roquefeuil qui espère une mise à plat de "l'ensemble des charges pesant sur les exploitations".
Pour lui, "il faut un effort de la part des distributeurs comme des transformateurs et, dans une moindre mesure, du consommateur".
Le 17 juin, la filière bovine au grand complet avait été réunie en table ronde sous l'égide du ministre et s'était accordée sur une augmentation des prix payés aux producteurs qui n'a été que partiellement respectée, selon le rapport du médiateur remis mardi soir au ministre.
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