L'éditeur britannique Pearson a annoncé jeudi la vente du Financial Times au groupe japonais Nikkei, jugé mieux armé pour aider le prestigieux quotidien des milieux d'affaires à affronter les mutations technologiques des médias.
Pearson a annoncé dans un communiqué avoir cédé l'essentiel du FT Group, qui comprend le quotidien et son édition internet, ainsi que diverses firmes de services, au géant médiatique nippon pour 844 millions de livres (1,2 milliard d'euros).
Attendue pour la fin de l'année, la transaction va exclure en revanche les 50% détenus par FT Group dans The Economist Group - qui comprend le magazine du même nom -, ainsi que l'immeuble du FT sur le bord de la Tamise dans le centre de Londres.
Dans une interview filmée avec le FT, John Fallon, le directeur général de Pearson, a expliqué que son groupe voulait se concentrer sur ses activités dans le domaine éducatif.
"Vous êtes soit un groupe mondial d'éducation soit un groupe mondial de journalisme, ce qui sont deux choses très bien, mais c'est difficile d'être les deux à la fois", a-t-il dit.
Le FT est pourtant considéré par les analystes des médias comme ayant bien mieux négocié le virage du numérique qu'une frange importante de la presse papier, déstabilisée par l'explosion des informations diffusées, souvent gratuitement, via les nouvelles technologies.
Plus que centenaire, le quotidien britannique connaît, selon les données communiquées jeudi par Pearson, une diffusion totale de 737.000 exemplaires par jour, en comptant sa version papier et son édition numérique payante.
Cette dernière représente 70% du total du lectorat, via des accès payants et souvent sur terminaux mobiles. Le quotidien revendique un lectorat de plus de 2 millions de personnes tous les jours.
Fournies par un réseau international de plus de 600 journalistes, ses informations, analyses et commentaires, à l'orientation libérale parfois contestée, sont suivies de près par les responsables politiques et les décideurs du monde entier, au-delà des seuls milieux d'affaires dont il constitue l'ultime référence.
- Le Nikkei, référence des décideurs nippons -
"Je suis extrêmement fier que nous fassions équipe avec le Financial Times, l'un des médias d'informations les plus prestigieux du monde", s'est réjoui le PDG du groupe Nikkei, Tsuneo Kita, dans le même communiqué.
"Notre engagement à fournir du journalisme de haute qualité sur l'information économique et autres, tout en restant justes et impartiaux, est proche de celui du FT. Nous partageons les mêmes valeurs journalistiques", a-t-il ajouté.
Le groupe d'informations financières Nikkei, référence pour les dirigeants et cadres nippons, édite le quotidien économique du même nom, mais aussi, entre autres, des magazines et des livres, fournit un fil d'information en temps réel, des données financières et des vidéos, en s'appuyant sur plus de 7.300 employés (plus de 3.000 pour le quotidien).
Plus tôt dans la journée, le Financial Times lui-même avait affirmé que Pearson était en discussions avancées au sujet du FT avec le groupe allemand de médias Axel Springer, négociations qui ont été supplantées à la dernière minute par une offre surprise du Nikkei.
Des rumeurs parcouraient les salles de rédaction et de marchés depuis lundi et la publication d'un article de l'agence Bloomberg News qui avait affirmé que Pearson sondait des acheteurs potentiels pour son quotidien aux pages saumon.
Robert Peston, ancien rédacteur en chef politique et financier du FT, actuellement responsable du service économie de la BBC, a exprimé son regret de voir le quotidien quitter le giron britannique et espéré que le nouveau propriétaire préserverait l'indépendance de la rédaction.
"Bien que le FT a toujours affirmé que la Grande-Bretagne bénéficie de la facilité avec laquelle les étrangers peuvent acheter nos biens, je suis désespérément triste que le FT ne soit plus britannique", a-t-il tweeté.
Reste que le prix mis sur la table par Nikkei semble plutôt élevé dans un contexte difficile pour la presse. Le fondateur du géant américain du commerce en ligne Amazon, Jeff Bezos, avait ainsi acheté le prestigieux quotidien américain Washington Post pour "seulement" 250 millions de dollars fin 2013.
Détenu par Pearson depuis 1957, le FT a lancé une édition européenne basée à Francfort en 1979 avant d'étendre sa diffusion au monde entier, y compris New York, Tokyo, Hong Kong et Dubaï.
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